Le pape polonais a effectué sa première visite apostolique à Malte en mai 1990, et il est revenu en mai 2001, dans le cadre d’une complexe tournée méditerranéenne qui l’avait aussi mené en Grèce et en Syrie.
Le 25 mai 1990, près de 26 ans après son indépendance, que Malte voit pour la première fois un pape poser ses pieds sur ce territoire dont la population s’affirme alors catholique à 99%. Les 13 rencontres menées par Jean Paul II durant ces trois journées sont marquées par un incontestable succès populaire. Le pape polonais est alors accueilli par «une île entière en fête», rappellera, 30 ans plus tard, le quotidien Times of Malta.
«Je dois vous confesser que je suis en train d’admirer non seulement la beauté de la nature de ces îles et de cette mer, mais aussi son splendide patrimoine artistique», s’enthousiasme alors le pape en rencontrant le monde de la culture. Son entourage rapportera que le pape polonais manifestera à de nombreuses reprises, durant les différentes étapes de son séjour, son attachement à cette «gente buona" ( ces «bonnes personnes»).
Jean Paul II est cependant conscient des changements qui commencent à affecter cette île, comme il le montre en lançant cet avertissement inquiet au clergé local: «Vos vénérables traditions et votre société sont sujettes aux flatteries d’une culture sécularisée qui a déjà englobé une grande partie du monde», constate-t-il alors.
Lors d’une rencontre avec le monde artistique et intellectuel, le pontife exprime des accents comparables en s’élevant contre l’écueil d’une «fausse culture des apparences», dénoncée comme étant «le résultat d’une mentalité effrénée de consommation nocive aux besoins les plus profonds des individus et des communautés».
Mais il souligne aussi que «grâce à sa position géographique et à son histoire, Malte présente une merveilleuse symbiose des cultures européennes et méditerranéennes»: des mots que le pape François pourrait naturellement reprendre à son compte le week-end prochain.
Dans le contexte de la fin de la guerre froide, Jean Paul II salue la «bonne position de Malte» pour «observer et prendre part aux changements actuels». Il rappelle alors que Malte avait accueilli quelques mois plus tôt, en décembre 1989, le premier sommet entre le leader soviétique Mikhaïl Gorbatchev, qui venait de se rendre au Vatican, et le président américain George Bush Sr.
Durant son discours d’adieu, le pape souligne une nouvelle fois la fidélité des Maltais à leur «héritage culturel et religieux». «Votre désir de rester fidèles à ce précieux patrimoine, pendant que vous cherchez à promouvoir votre développement pour le bien de tous, représente un signe de grande espérance pour le futur de Malte», se réjouit-il au terme de son 48e voyage apostolique.
Le second séjour de Jean Paul II, les 8 et 9 mai 2001, sera plus difficile et marqué par l’intense fatigue du souverain pontife, à quelques jours de son 81e anniversaire et au terme d’une tournée intense et délicate en Grèce et en Syrie. C’est un pape souffrant qui arrive à La Valette le 8 mai 2001, et ne parvient pas à lire entièrement son premier discours.
Cette visite maltaise, plus courte que la précédente, compte seulement quatre discours, mais s’inscrit dans la continuité des voyages du Jubilé de l’an 2000. « Cette visite conclut mon pèlerinage jubilaire qui a suivi en esprit l’histoire du Salut, de la patrie d’Abraham, au Sinaï, où Dieu a donné les dix commandements, jusqu’en Terre Sainte, où ont eu lieu les grands événements de notre Rédemption. Et aujourd’hui, sur les pas de saint Paul, je suis revenu vers toi, cher peuple de Malte », assure Jean Paul II au moment de boucler ce programme ambitieux.
Le 9 mai 2001, le pape célèbre les béatifications de trois figures emblématiques du catholicisme maltais : le prêtre George Preca (1880-1962), fondateur de la Société de la Doctrine Chrétienne, Ignace Falzon (1813-1865), un membre du tiers-ordre franciscain qui évangélisa les soldats britanniques en garnison sur l’île, et la religieuse bénédictine Maria Adeodata Pisani (1806-1855). « À travers l’intercession des nouveaux bienheureux, puisse l’Église qui est à Malte s’acheminer avec confiance vers une nouvelle ère d’unité et de responsabilité partagée entre clergé, religieux et laïcs », demande alors Jean Paul II.
Quelques heures plus tard, en faisant ses adieux définitifs aux Maltais, Jean Paul II souligne leur «vocation unique de constructeurs de ponts entre les peuples du bassin méditerranéen, entre l’Afrique et l’Europe», en remarquant que «l’avenir de la paix dans le monde dépend du renforcement du dialogue et de la compréhension entre les cultures et les religions». C’est donc sur les pas de saint Paul mais aussi sur ceux de Jean Paul II que va s’inscrire la visite du pape François. (cath.ch/imedia/cv/bh)
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