Le document de 54 pages publié en langue italienne – et sans préavis – parachève le chantier de réforme ouvert par le pape dès son élection, en février 2013. Attendu depuis plusieurs années, il est le résultat de neuf ans de travaux du Conseil des cardinaux pour restructurer la Curie. Plusieurs versions de brouillons du projet ont déjà circulé.
À la fin du préambule de la constitution, le pape François rappelle que cette réforme de la Curie répond aux souhaits des cardinaux exprimés lors des congrégations générales qui avaient précédé le conclave de 2013.
Au fil des ans, la mise en pratique de cette grande réforme avait été initiée avec la fusion de certains dicastères en «super-dicastères» – celui de la Communication en 2015, celui des Laïcs, de la Famille et de la Vie en 2016, celui du Développement humain intégral en 2017 – et la nomination de laïcs à des postes clés, notamment de préfet.
Dès le préambule, le pape François insiste sur la «conversion missionnaire» de l’Église qui oriente sa réforme de la Curie romaine. Il affirme se placer dans la continuité des Constitutions apostoliques précédentes – Immensa aeterni Dei de Sixte Quint(1588), Sapienti Consilio de Pie X (1908), Regimini Ecclesiae universae (1967), avec laquelle Paul VI avait mis en œuvre les dispositions du Concile Vatican II, et enfin Pastor bonus (1988), promulguée par Jean Paul II afin de « promouvoir la communion dans l’entier organisme de l’Église ».
La nouvelle constitution abroge cette dernière afin de « mieux harmoniser l’exercice actuel du service de la Curie avec le chemin d’évangélisation que l’Église, surtout en cette saison, est en train de vivre ». Les principes directeurs de cette réforme sont le «mystère de communion qui unit l’Église et la synodalité, afin de permettre une écoute réciproque entre le peuple fidèle, le collège épiscopal et l’évêque de Rome».
Dans la continuité, le rôle du successeur de Pierre est confirmé comme étant «le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité» de l’Église, au service duquel œuvre la Curie romaine.
La nouvelle constitution insiste nettement plus que la précédente sur le devoir pour la Curie de servir les évêques. Elle appelle à l’établissement d’un «rapport organique» avec ces derniers et donne une place plus prégnante aux «corps intermédiaires» que sont les conférences épiscopales, nationales, régionales et continentales, ainsi que les structures hiérarchiques orientales. Ce service porte notamment sur la lutte contre les abus et le service des plus pauvres.
Mais l’évangélisation ne relève pas seulement des évêques. «Tout chrétien, en vertu du baptême, est un disciple missionnaire», souligne le pape. En vertu de cette conviction, les laïcs sont donc appelés à occuper «des rôles de gouvernement et de responsabilité» au sein de la Curie.
Le pape souligne le «caractère vicarial de la Curie romaine», c’est-à-dire que tout responsable de la Curie, clerc ou laïc, agit sur une délégation du souverain pontife. «Tout fidèle peut présider un dicastère ou un organisme», en vertu de ses compétences et de ses capacités de gouvernement, précise-t-il.
Le pape exige dans toutes les institutions de la Curie un engagement spirituel accru du personnel, qui doit se manifester notamment par «la prière en commun et la célébration commune de l’Eucharistie». Il souligne aussi les critères de «l’intégrité personnelle et du professionnalisme, exigeant notamment «sobriété de vie et amour des pauvres et une capacité de discernement des signes des temps».
Le successeur de Pierre demande à la Curie romaine d’être une meilleure «expression de la catholicité». Il insiste sur la nécessité de disposer de collaborateurs venant de «diverses cultures».
Les dicastères sont appelés à une plus grande collaboration entre eux. L’organisation de leur coopération est confiée à la Secrétairerie d’État de par sa «fonction de secrétariat papal».
Le pape François justifie la nécessité de la réduction du nombre de dicastères et entités prévue par la Constitution. Il s’agit selon lui de « rendre le travail plus efficace ».
Dans sa structure, Praedicate Evangelium est divisée en onze parties. Elle donne notamment des normes générales, puis traite du fonctionnement et de la mission de la Secrétairerie d’État, des Dicastères – au nombre de 16 –, des organes de la Justice, de l’économie, et de divers bureaux.
Le choix de la date de publication – le 19 mars – n’est pas anodin, saint Joseph étant le saint patron de l’Église universelle. Le pape François est très attaché à la figure du père adoptif de Jésus.
En évoquant sa rédaction en 2019, le pape François avait expliqué que la nouvelle constitution visait à «proclamer l’Évangile, face au véritable changement d’époque» en cours. «L’humanité appelle, interpelle et provoque» l’Église, avait déclaré le pape François, «elle demande de sortir et de ne pas craindre le changement». (cath.ch/imedia/bh)
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