25 février 2022: le pape se rend à l’ambassade de Russie près le Saint-Siège
Un peu plus de 24 heures après le début de l’offensive russe en Ukraine, le pape François se rend à l’ambassade de Russie près le Saint-Siège pour «manifester sa préoccupation pour la guerre». Un geste inédit, qui s’ajoute aux très nombreux messages et actions du Saint-Siège en faveur de la paix dans la région.
Sur le front diplomatique, il fait savoir qu’il est toujours temps de dialoguer pour faire taire les armes, le Saint-Siège proposant de faciliter les médiations. Côté humanitaire, il envoie deux de ses cardinaux pour manifester son soutien aux centaines de milliers de réfugiés ukrainiens. Sur le plan spirituel, il consacre deux journées de prière mondiale pour la paix en Ukraine – le 26 janvier, moins d’un mois avant l’offensive russe, et le 2 mars.
25 février: le pape annule sa venue à Florence pour raison de santé
En raison d’une douleur au genou, le pape François décline sa participation à la Rencontre des évêques et maires de Méditerranée à Florence, le 27 février. Le communiqué du Saint-Siège précise que son médecin lui a prescrit une période de repos. Précédemment, le pape avait régulièrement évoqué une douleur à la jambe droite.
Le pontife argentin de 85 ans souffre depuis longtemps de problèmes de hanche et montre certaines difficultés à marcher. En 2015, à l’occasion de son voyage aux États-Unis, son porte-parole avait confié que le pontife bénéficiait de séances de «physiothérapie régulières» en raison de problèmes dans le mouvement de ses jambes.
Cette annulation de dernière minute s’est toutefois accompagnée de l’annonce du programme de son voyage à Malte, les 2 et 3 avril prochains. Un déplacement en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud a par ailleurs été annoncé quelques jours plus tard. Une manière de signifier que le pontife ne s’imagine pas rester immobile à Rome.
23 janvier: le pape institue des laïcs Lecteurs et Catéchistes
Pour la première fois dans l’histoire de l’Église catholique, un pape confie à des laïcs – hommes et femmes – les ministères de Catéchiste et de Lecteur, à l’occasion d’une messe célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome.
Le «ministère institué» de lecteur – avec celui d’acolyte – avait été ouvert aux femmes par le pontife avec la publication du motu proprio Spiritus Domine, le 10 janvier 2021. Celui de catéchiste avait été institué avec le motu proprio Antiquum ministerium, le 10 mai 2021.
Ces nouveaux ministères manifestent la volonté du pontife argentin de favoriser l’engagement missionnaire des laïcs dans une Église plus synodale.
20 janvier: le rapport de Munich met en cause Benoît XVI
Le rapport indépendant sur les abus commis dans l’archidiocèse de Munich-Freising entre 1945 et 2019 pointe directement du doigt la gestion de Benoît XVI dans quatre cas d’abus sexuels commis par des prêtres, lorsqu’il était archevêque de Munich, de 1977 à 1982. Dans une lettre très personnelle datée du 6 février, le pape émérite confie sa «profonde honte, son profond chagrin et sa sincère demande de pardon». Il nie toutefois avoir menti dans sa déposition et conteste les torts qui lui sont reprochés, laissant quatre juristes argumenter sa position.
Quelques jours plus tard, à l’occasion d’une audience générale, le pape François rebondira sur un extrait de cette lettre dans laquelle son prédécesseur évoque son rapport à la mort – «Être chrétien me donne la connaissance, bien plus, l’amitié avec le juge de ma vie et me permet de traverser avec confiance la porte obscure de la mort». «C’est très beau», s’exclamera le pape argentin, remerciant le pape émérite qui, «à 95 ans, a cette lucidité» de se placer devant cette «obscurité».
Le pape François ne commentera pas directement le rapport, tandis que les médias du Vatican salueront l’attitude «pénitentielle» du pontife allemand et rappelleront son action contre les abus dans l’Église.
5 décembre: le pape retourne sur l’île de Lesbos
Cinq ans après son passage à Lesbos, le pape retourne sur l’une des l’îles grecques les plus touchées par la crise migratoire. Il en fait d’ailleurs le point d’orgue de son voyage à Chypre et en Grèce – du 2 au 6 décembre. Depuis un camp de réfugiés, après avoir rencontré des dizaines de migrants, il dénonce un véritable «naufrage de civilisation» et dit sa peur de voir la «Mare nostrum» devenir une «Mare mortuum».
Tout au long de ce voyage aux confins de l’Europe orientale, le troisième et dernier de l’année 2021, le pontife rappelle au Vieux Continent qu’il ne peut continuer d’ignorer «une mer qui a vu la diffusion de l’Évangile et le développement de grandes civilisations».
Suite à l’impulsion du Vatican, une cinquantaine de migrants sont accueillis en Italie à l’occasion de ce déplacement.
10 octobre: le pape ouvre le Synode sur la synodalité
C’est un vaste processus que le pape François inaugure lors d’une messe dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le 10 octobre. Pendant deux ans, tous les catholiques sont invités à réfléchir pour faire de l’Église une réalité plus synodale. La veille du lancement, l’évêque de Rome a proposé une définition de cette Église: «Un lieu ouvert où chacun se sent chez lui et peut participer». Parmi les objectifs affichés, celui de sortir de la culture du cléricalisme.
La forme elle-même de ce synode est inédite, puisqu’après une première phase de réflexion dans tous les diocèses du monde, une deuxième étape doit avoir lieu au niveau continental, avant une dernière à Rome, en 2023. Ce synode «nouvelle génération» s’inscrit aussi dans la grande réforme de François initiée en 2013 pour décentraliser la gouvernance de l’Église catholique.
4 octobre: au Vatican, l’appel inédit des chefs religieux pour le climat
Un mois avant la COP26 de Glasgow, le pape François réunit autour de lui une trentaine de responsables religieux et une dizaine de scientifiques pour la signature d’un document insolite en faveur du respect de l’environnement.
Outre les confessions chrétiennes, l’islam sunnite et chiite, le judaïsme ou l’hindouisme, sont aussi représentés le sikhisme, le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme, le zoroastrisme et le jaïnisme.
Dans une déclaration, ils appellent à la limitation de l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 degré, à la conversion écologique des pays les plus riches ou bien à la participation active des chefs religieux eux-mêmes pour agir davantage en faveur du climat.
27 juillet: ouverture du procès géant de l’Affaire de Londres
Pour certains, c’est le procès du siècle qui s’est ouvert au Vatican au cœur de l’été. Sur le banc des accusés, dix personnes, dont le cardinal Angelo Becciu, un Italien qui avait occupé les plus hautes fonctions dans l’appareil vatican.
Tous les prévenus seraient mêlés à une affaire tentaculaire, celle de l’immeuble de Londres, en référence à l’achat par le Vatican d’un immeuble londonien en 2013. Une acquisition qui a tourné au fiasco et fait perdre des dizaines de millions d’euros au Saint-Siège.
Par ce procès complexe – qui piétine encore aujourd’hui -, le Saint-Siège souhaite démontrer sa capacité à s’attaquer à la corruption. C’est donc la crédibilité de la justice vaticane et des réformes du pape François en la matière qui est aussi en jeu.
16 juillet: le pape François limite drastiquement la célébration de la messe en latin
Traditionis custodes. Tel est le nom du motu proprio du pape François abrogeant celui de Benoît XVI publié en 2007, Summorum pontificum. Ce dernier facilitait les célébrations de la messe dans la forme extraordinaire du rite romain ayant cours avant le Concile Vatican II.
Le pape François explique craindre «une instrumentalisation» du Missel romain de 1962 qui manifesterait un rejet non seulement de la réforme liturgique mais aussi du Concile Vatican II. Désormais, la célébration de la messe dans l’ancienne forme du rite est extrêmement limitée et dépend du discernement de l’évêque, et, dans certains cas, de Rome.
C’est au nom de l’unité de l’Église que le pontife assure avoir fait son choix; une décision particulièrement mal accueillie par les fidèles habitués aux célébrations dans cette forme.
Le 11 février 2022, le pape publiera un décret assouplissant les nouvelles règles pour la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP).
4 juillet: le pape subit une lourde opération
À 84 ans, le pape François est opéré à la polyclinique Gemelli de Rome d’une «sténose diverticulaire symptomatique du côlon». Une opération lourde, puisque le pontife reste dix jours à l’hôpital. Elle constitue la première hospitalisation du pape François depuis son accession au trône de Pierre en 2013.
Près de deux mois après sa sortie de Gemelli, il confie à une radio espagnole être «toujours en vie», balayant les rumeurs de démission. «Je peux tout manger. J’ai encore les médicaments post-opératoires, parce que le cerveau doit enregistrer qu’il a 33 centimètres d’intestin en moins», mais «à part ça, j’ai une vie normale, je mène une vie tout à fait normale», rassure-t-il.
1er juillet: le pape organise un vaste sommet œcuménique sur le Liban
Près d’un an après l’explosion du port de Beyrouth, le pays du Cèdre continue de s’enfoncer dans l’une des pires crises de son histoire. Le pape, qui régulièrement dit prier pour le Liban, décide de réunir les principaux responsables des communautés chrétiennes du pays pour une «journée de réflexion sur la préoccupante situation du pays».
La démarche est avant tout spirituelle. Neuf patriarches chrétiens viennent notamment se recueillir près de la tombe de Pierre pour prier avec le pape pour «le don de la paix et de la stabilité».
Début 2022, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire en charge des relations avec les États au sein de la Secrétairerie d’État du Saint-Siège, confie que le pape François souhaite se rendre «prochainement au Liban».
1er juin: vaste réforme du droit canon pour lutter contre les abus et la corruption
Initiée en 2007 par le pape Benoît XVI, la grande réforme du livre VI du droit canonique aura mis quatorze ans à aboutir. 63 des 89 canons qui composent ce livre portant sur les sanctions pénales dans l’Église ont été modifiés. Ce changement d’ampleur vise à adapter le droit de l’Église au monde d’aujourd’hui et à rééquilibrer le rapport entre justice et miséricorde «qui a parfois été mal interprété», entraînant un climat de «laxisme», notamment dans un certain nombre de cas d’abus sexuels commis par des clercs sur des mineurs.
Un article explicite sur les crimes sexuels commis par des prêtres contre des mineurs voit le jour – ils étaient jusqu’alors considérés uniquement comme des délits contre «les obligations spéciales» (Titre V) propres au sacerdoce, au même titre que la rupture du vœu de chasteté. (cath.ch/imedia/hl/rz)
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