La guerre en Ukraine vue de Moldavie

Le nombre de réfugiés ukrainiens arrivant en Moldavie augmente de jour en jour. Aujourd’hui les Moldaves craignent d’être les prochaines victimes de l’attaque russe, témoigne Mgr Anton Cosa, évêque catholique de Chisinau.  

À Chisinau, les gens regardent attentivement la situation à Odessa, une ville située à quelques kilomètres de la capitale moldave, dont on craint qu’elle ne soit attaquée à tout moment. «Nous nous préparons donc à accueillir des masses de personnes qui partent de là-bas et viennent chez nous», a indiqué à l’agence catholique italienne SIR, l’évêque de Chisinau, Mr Anton Cosa.

La peur et les larmes, mais aussi l’incrédulité d’être accueillis gratuitement. Tel est le «visage» de ceux qui fuient l’invasion russe et se réfugient dans la Moldavie voisine. Dès les premiers jours du conflit, l’Église catholique de Moldavie a organisé des structures et des centres, ainsi que quelques paroisses et appartements sociaux, garantissant actuellement 390 lits, explique Mgr Cosa.

Un réseau familial de solidarité a également été créé, des familles se sont mises à disposition pour l’hébergement. Dans les centres, les services d’accompagnement sont fournis à l’arrivée en Moldavie. Une assistance psychologique et médicale est fournie, ainsi qu’un réseau d’information avec les membres de la famille restés en Ukraine et avec ceux chez qui les réfugiés ont l’intention de se rendre. Des informations correctes sont également fournies, afin que «les réfugiés puissent échapper aux formes d’exploitation, de traite des êtres humains et de sollicitation des mineurs ou des femmes seules», souligne l’évêque.

Depuis vendredi 4 mars, un point d’accueil commun moldavo-roumain a été mis en place, de sorte que ceux qui arrivent avec l’intention de passer en Roumanie ne viennent plus à Chişinău mais partent directement dans le pays. Cela a apporté un certain soulagement car nos centres d’accueil sont pleins, poursuit Mgr Cosa.

A l’arrivée des réfugiés, l’évêque a vu beaucoup de peur et de larmes, mais aussi beaucoup de gratitude. «J’ai été frappé par l’histoire d’un couple de personnes âgées qui a été accueilli dans l’un de nos centres. Dès qu’ils sont entrés, le mari a dit qu’il n’avait pas d’argent pour payer. Le prêtre l’a alors rassuré. «Tant que vous êtes ici, vous êtes nos invités». C’est un témoignage simple qui explique très bien ce que nous faisons.

Il n’est pas facile de faire face à ces masses de réfugiés, ajoute le prélat. «Nous suivons également la situation à Odessa, une ville dont on craint qu’elle ne soit attaquée à tout moment. Nous nous préparons donc à recevoir un nouvel afflux de personnes.

La guerre risque d’arriver en Moldavie

«A Chişinău, pour l’heure on ne voit pas la guerre, mais on voit les conséquences de la guerre. On craint qu’après l’Ukraine, la guerre ne vienne à nous. [Coincée entre l’Ukraine et la Roumanie, la Moldavie n’appartient pas à l’Europe ni à l’OTAN. Une partie de son territoire la Transnistrie est une république sécessionniste peuplée d’Ukrainiens, de Moldaves et de Russes NDLR].

«Si la Russie arrive en Transnistrie, elle arrivera aussi en Moldavie. Il est clair qu’ils ne s’arrêteront pas sur les rives de la rivière Nistru mais continueront. Mais les Moldaves ne sont pas comme les Ukrainiens. Ils ne feront pas la guerre, ils ne résisteront pas. Le pays peut être occupé comme la Crimée, peut-être même avec les applaudissements de cette partie du pays qui rêve nostalgiquement du passé soviétique.» Pour l’évêque d’origine roumaine, les Moldaves sont tiraillés dans deux directions. Il y a ceux qui sont nostalgiques du passé. Et il y a les jeunes qui ont une orientation claire: l’Europe. (cath.ch/sir/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/la-guerre-en-ukraine-vue-de-moldavie/