Ukraine: les religieuses continuent à servir la population

Malgré le danger croissant dans les zones de guerre en Ukraine, les communautés religieuses demeurent sur place pour servir la population. Témoignage dans un monastère du nord du pays.

Magda Kaczmarek, chargée de projet pour l’Aide à l’Eglise en détresse (ACN/AED) en Ukraine, est en contact permanent avec l’Église locale et les partenaires des projets soutenus par l’œuvre d’entraide catholique. Elle maintient notamment la connexion avec de nombreuses communautés de religieuses présentes dans des zones touchées par les combats, rapporte l’AED dans un communiqué du 7 mars 20222. «La peur et l’inquiétude des sœurs sont grandes, mais elles savent aussi qu’elles sont portées par la prière et une vague mondiale de solidarité », assure la coopérante.

Une vie monastique perturbée

Magda Kaczmarek raconte avec émotion une conversation qu’elle a eue avec une sœur d’un monastère du nord de l’Ukraine*. La ville est le théâtre d’âpres combats. Pendant la nuit, les sœurs ont dû à plusieurs reprises se mettre en sécurité à la cave. Elles ont dormi avec leurs vêtements religieux et leurs voiles, afin de pouvoir sortir de leur chambre à tout moment.

La nuit, le monastère est plongé dans l’obscurité afin de ne pas attirer les attaques. Ces derniers jours, les religieuses ont essayé de maintenir leur vie monastique autant que possible. Mais elles ne quittent plus leur téléphone portable, même pendant les offices chantés, raconte Magda Kaczmarek: «Cela permet de les prévenir encore plus rapidement, dès qu’une attaque commence». Cependant, même la cave du monastère n’est plus assez sûre au vu de la violence croissante des combats. Les sœurs ont ainsi récemment trouvé refuge pour la nuit dans un abri antiaérien.

Plusieurs bombes sont déjà tombées près du couvent. Une famille a même été tuée à proximité, raconte Magda Kaczmarek. Actuellement, les sœurs accueillent dans leur monastère trois familles qui craignent pour leur vie.

Des lueurs d’espoir

La tâche n’est pas nouvelle pour les sœurs. Bien avant l’attaque russe, fin février 2022, elles avaient aidé de nombreuses personnes, y compris de familles touchées par la guerre qui a débuté en 2014.

Elles assurent la pastorale des blessés et de leurs familles, ce qui était et reste une tâche très importante, surtout en ce moment. Pour beaucoup de gens, les sœurs sont aussi un signe d’espérance et un point de repère. De nombreux voisins du monastère ont assuré qu’ils resteraient sur place tant que les religieuses resteront.

Dans cette situation angoissante, émergent cependant de petites lueurs d’espoir. «Les sœurs reçoivent des messages du monde entier de personnes qui pensent à elles et prient pour elles. Elles font également l’expérience d’une grande solidarité entre les amis et les voisins du monastère, des personnes elles-mêmes dans le besoin», relate la chargée de projet de l’AED.

Les sœurs assurent qu’elles vivent désormais dans leur chair la prière du Psaume, rapporte Magda Kaczmarek: «Les demandes de protection face aux dangers de la guerre et les promesses de la proximité de Dieu leur donnent de la force». (cath.ch/com/rz)

* Pour des raisons de sécurité, les noms de la religieuse et de la localité ne sont pas divulgués.

L’AED a cofinancé la construction du monastère en question, au nord de l’Ukraine. L’œuvre d’entraide soutient actuellement les sœurs par des aides à la subsistance. L’organisation a également appelé les monastères contemplatifs du monde entier à prier pour l’Ukraine. En réponse au déclenchement de la guerre, l’AED a approuvé un programme d’aide d’urgence de 1,3 million d’euros. L’argent bénéficiera aux prêtres et religieux travaillant dans les paroisses, les orphelinats et les maisons de retraite, et s’occupant des réfugiés à travers le pays. RZ

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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