Le Parlement suisse a décidé, lors de sa session d’automne 2021, d’augmenter de 24 à 61 millions de francs sa contribution au budget de l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, connue sous le nom de Frontex. Le projet implique également que 60 gardes-frontières suisses devraient être mobilisés pour la gestion de contrôle des frontières.
Frontex a été créée en 2004 pour protéger les frontières européennes face à la migration irrégulière. Les méthodes et actions de l’agence ont toutefois soulevé de nombreuses polémiques. Un référendum a été lancé contre le renforcement décidé par l’Assemblée fédérale, qui a abouti en janvier 2022. Le peuple suisse devra donc se positionner sur la question le 15 mai. Plusieurs associations et personnalités politiques ont d’ores et déjà pris fait et cause pour le référendum, principalement issus des milieux de gauche.
Ils ont été récemment suivis par des responsables d’Eglises de divers endroits du pays, qui ont lancé une pétition en ligne. Il s’agit principalement de théologiens et d’agents pastoraux catholiques et protestants de Suisse alémanique.
Les signataires estiment inacceptable que des hommes, des femmes et des enfants soient empêchés de passer les frontières de l’Union européenne. Car «au cœur de la protection internationale des réfugiés, se trouve le principe que tout être humain a le droit de chercher asile dans un pays et de ne pas être refoulé vers un pays où sa vie et sa liberté sont menacées», explique le site internet «Eglises contre l’extension de Frontex». Selon eux, l’agence européenne est «au courant de ces violations des droits humains et détourne activement son regard».
Pire encore: dans de nombreux cas, elle serait elle-même impliquée dans des refoulements illégaux et violents. Frontex collaborerait en particulier avec les prétendus garde-côtes libyens qui interceptent de nombreux bateaux et les reconduisent de force en Libye.
«Le référendum permet de lancer une discussion qui aurait dû se faire depuis longtemps sur les violations systématiques des droits humains aux frontières extérieures de l’Union européenne», estiment les signataires. «En tant que chrétiennes et chrétiens, en tant qu’Églises, nous devons prendre position contre cette situation catastrophique aux frontières extérieures de l’Europe».
Début février, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, a averti qu’un non à Frontex signifierait un retrait inévitable de la Suisse de l’Espace Schengen. (cath.ch/com/ag/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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