J’ai rêvé d’une Europe unie. De l’Atlantique à l’Oural, un même continent vaillant, fort, riche de la diversité de ses cultures, de ses histoires, de ses traditions. J’en ai rêvé et, aujourd’hui, je pleure. Une fois de plus. Sur un monde déchiré, sur un continent divisé, en guerre, que d’aucuns qualifient volontiers de grand-mère à bout de souffle.
L’Europe souffre, l’Europe vacille, en butte comme tant de fois à travers l’histoire aux appétits des grands qui écrasent les petits, aux désirs de puissance qui broient, tuent, asservissent, pillent, imposent. L’Europe de la force et de la fureur s’était pourtant assagie depuis trois quarts de siècle, même si un vent froid lui soufflait encore dans le dos. Mais trente ans après la chute du Rideau de fer, elle reprend ses vieilles habitudes: l’Ouest s’était pacifié après deux guerres mondiales très sanglantes et avait construit un ensemble uni et voilà que l’Est frémit à nouveau quand gronde et attaque l’ours russe.
L’Europe souffre à ses marges: l’Ukraine en fait partie, victime de l’hégémonie de son grand voisin, si «frère» qu’il en devient cruel et despotique. Pourtant, je rêve d’une Europe rassemblée dont le ciment solide mette en valeur la richesse de ses composantes. Je rêve, alors que les bombes pleuvent sur Kiev et que le Vieux-Continent se réveille, abasourdi d’une violence qui ravive tant d’affreux souvenirs. Le passé revit, hélas, sous les roues des chars russes.
Et, soudain, surgit un nouveau rêve: que les jeunes générations, porteuses de rapprochements fructueux entre peuples européens, entrent en scène et refusent catégoriquement cette caricature de l’Europe. Pour que les grands n’accablent plus les petits, pour que la concorde préside aux destinées des pays, pour que la paix et la prospérité continuent de fleurir.
Ah, Europe, tu es bien malade aujourd’hui. Mais tu as ressurgi si souvent de tes décombres qu’il est impossible de t’imaginer t’effondrer encore. Jeunes générations d’Europe, réveillez-vous! Faites-vous entendre! Vous voulez un avenir pacifique, serein, porteur de projets pour le monde. Lève-toi, jeune continent! C’est le moment!
Bernard Litzler
6 mars 2022
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