«Il serait bien d’insister sur ce que nous pouvons encore mieux faire pour acter l’enseignement du pape François, notamment en termes de respect de l’environnement et de reboisement utile et profitable pour le présent et l’avenir», a déclaré l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye. Il présidait la 58e assemblée générale de Caritas Sénégal, tenue du 25 au 27 février 2022, à Rufisque, banlieue est de Dakar. Les travaux avaient pour thème: « Préservons notre maison commune, adaptons-nous au changement climatique, promouvons l’accès à l’eau et à l’agro-écologie .
Pays sahélien où le déficit pluviomètrique annuel est chronique, le Sénégal fait face à un grave problème de déforestation, liée à la fois à la sécheresse due à l’insuffisance des pluies, à l’abattage clandestin et au trafic de troncs d’arbres vers la Gambie, petit pays anglophone voisin. Les régions sud de la Casamance, composées de celles de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda, ainsi que celle de Tambacounda, à l’est, sont les plus concernées par ce fléau. Car, ce sont elles qui conservent encore les derniers massifs forestiers du Sénégal. L’Etat semble impuissant face à l’ampleur du phénomène. Mgr benjamin Ndiaye a préconisé une déclaration solennelle sur la déforestation en cours en Casamance.
La lutte contre la déforestation, la coupe illégale et le trafic de bois vers la Gambie sont une grande préoccupation. Selon une enquête de la BBC, reprise par Trial international, une organisation non gouvernementale basée à Genève, une grande partie du trafic et de la coupe de bois en Casamance se déroulait directement sur les territoires occupés par le groupe indépendantiste casamançais, MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance).
Pour alimenter ce trafic, une société a été créée en Gambie. Elle avait la licence exclusive pour exporter du bois de rose, une espèce qu’on ne trouve qu’en Casamance. Grâce à cette société, la Gambie a exporté pour près de 163 millions de dollars (149,9 millions CHF) de bois de rose, à destination de la Chine, alors que le pays n’en dispose pas. «Ce commerce a des conséquences néfastes sur la vie des populations locales et contribue directement à la déforestation de la région», a déclaré Jennifer Triscone, Conseillère juridique pour TRIAL International. Les rebelles du MFDC exploitent et vendent illégalement le bois issu de feuillus précieux pour acheter des armes: un commerce illégal alimenté par la demande du marché mondial des bois feuillus tropicaux.
En janvier, le MFDC avait retenu en otage un groupe de sept militaires sénégalais qui s’opposaient à des trafiquants de bois de Casamance vers la Gambie. Ils n’ont été libérés qu’après une médiation de la communauté de Sant’Egidio. (cath.ch/ibc/mp)
Ibrahima Cisse
Portail catholique suisse
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