«La semaine dernière, la vie des Ukrainiens s’est transformée en cauchemar», s’est pour sa part attristé le secrétaire général de Caritas Internationalis, Aloysius John, qui a également participé. Il a rappelé que la mission de cet organisme est de rester en première ligne, y compris dans des situations dangereuses. La solidarité, a-t-il dit, «est un acte d’espérance». Aloysius John a aussi évoqué la situation particulièrement dramatique des personnes déjà réfugiées en Ukraine en provenance de pays parfois lointains, et qui se retrouvent maintenant doublement exilées, devant fuir une nouvelle guerre.
Le responsable français de Caritas Internationalis et le prélat autrichien Michael Landau, de Caritas Europe, ont profité de cette conférence pour donner la parole aux responsables des antennes de Caritas actives sur ce terrain de guerre. La directrice de Caritas Ukraine, Tetiana Stawnychy, a déclaré que son équipe est présente dans tout le pays et dans de nombreuses villes qui sont actuellement attaquées. Dans la capitale du pays, à Kiev, le Père Vyacheslav Grynevysh – de Caritas Spes – coordonne les opérations de secours pour les milliers d’habitants bloqués chez eux, sans nourriture, ou réfugiés dans le métro.
Le Père Grynevysh a décrit une ville fantôme, dans laquelle les magasins sont vides et les gens ne sont autorisés à sortir que pendant quelques heures dans la journée pour acheter de quoi survivre. Seuls des soldats urkainiens sont visibles, dans des rues jonchées de véhicules calcinés. Il a expliqué que des trains partent encore de la gare dans un climat de grande angoisse pour la population, racontant que sa propre sœur a attendu deux heures pour réussir à partir, le 28 février.
«Nous sommes en contact avec les autorités pour chercher à évacuer les enfants en sécurité», le plus loin possibles des cibles potentielles des bombardements russes. Il a donné l’exemple d’un centre dans lequel 650 enfants sont pris en charge, pour une capacité théorique de seulement 400 places. Caritas Ukraine et Caritas Spes coordonnent leurs efforts pour mettre les diocèses d’Ukraine en réseau, et organiser le départ des réfugiés vers les pays voisins – Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Moldavie notamment -, en coordination avec les antennes locales de Caritas. Actuellement, les actions de secours touchent quelque 13’000 personnes dans différentes parties du pays, notamment dans les zones critiques où les combats sont intenses, comme à Kharkiv et Marioupol.
«Les cœurs blessés par la guerre ne seront jamais guéris», a souligné le Père Grynevysh, en remarquant que si les pertes matérielles peuvent être reconstruites avec le temps, la douleur et la peur que les gens ont ressenties seront très difficiles à surmonter. Cette préoccupation a été relayée par Tetiana Stawnychy qui a souligné qu’une fois la guerre terminée, tout ne reviendra pas à la normale.
«C’est un énorme traumatisme, pour tous les gens. Et surtout, je vois beaucoup de parents qui se battent pour aider leurs enfants à traverser cette épreuve, et qui courent dans les sous-sols dès que les sirènes de raid aérien retentissent», a-t-elle confié, soulignant les larmes des adultes comme des enfants, mais aussi la consolation apportée par les nombreuses manifestations de solidarité.
La retransmission de cette conférence en ligne a été perturbée par ce qui s’apparente à un hacking, qui a notamment donné lieu à plusieurs messages agressifs et insultants parmi les commentaires en ligne. Le fil du chat a donc été interrompu momentanément, mais la conférence a pu se poursuivre normalement. (cath.ch/imedia/cv/mp)
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