«Nous avons un urgent besoin de médicaments et de matériel médical, c’est prioritaire, car il y a un grand nombre de blessés. Le passage en Ukraine depuis la Pologne est très difficile – il y a 50 km de queue aux postes-frontières, et les axes routiers ont été bombardés. Nos amis sur place acheminent les médicaments à pied, dans un sac à dos…»
En permanence au téléphone, le Père Sviatoslav Horetskyi et son épouse Justine, suivent les développements de la situation minute par minute avec leurs correspondants sur place, pour organiser l’aide aux populations ukrainiennes frappées par la guerre. C’est la paroisse catholique genevoise de Sainte-Clotilde, à La Jonction, avec sa présidente de paroisse Sandra Golay, et l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal pour le canton de Genève, qui leur ont offert leur aide pour trier et acheminer médicaments et autres nécessités.
Le Père Sviatoslav Horetskyi, appartenant à l’éparchie (diocèse) gréco-catholique ukrainienne de Saint-Volodymyr le Grand de Paris, nommé l’an dernier administrateur des centres pastoraux des villes de Genève et Lausanne, est originaire de Jitomir, à quelque 150 km de Kiev, une ville aujourd’hui encerclée par les forces russes.
De son domicile de Boëge, en Haute-Savoie, non loin de Genève, ce prêtre quadragénaire et son épouse, parents de trois jeunes enfants, coordonnent la récolte de dons pour la population ukrainienne. Il relève avec satisfaction que des familles se sont déjà annoncées pour héberger des réfugiés. Son épouse Justine, bien que Haute-Savoyarde, abonde: «Mon cœur est plus que jamais ukrainien!» Et d’affirmer que l’Eglise suisse est «hypersolidaire!»
Sur place, ils sont en contact avec des volontaires de la Croix-Rouge, des prêtres, des aumôniers militaires. Leurs amis les appellent constamment pour les tenir au courant: «il y a un gros besoin de médicaments, mais aussi de produits hygiéniques, de sacs de couchage. Les gens dorment dans les voitures, ils attendent jusqu’à quatre jours avant de pouvoir passer la frontière. Il y a des millions de déplacés sur les routes, sur le bord du chemin, des villageois leur apportent à manger.
C’est l’hiver, et dans les campagnes, les gens ont l’habitude de faire des conserves, ils ont encore de quoi manger. Mais la situation en ville est plus compliquée, car les magasins ont été vidés, les pharmacies sont fermées, il n’y a plus rien!»
Il y a une grande solidarité parmi la population, mais la situation sanitaire est catastrophique dans l’Est et le Centre, note le Père Sviatoslav Horetskyi, qui s’inquiète pour sa région natale désormais encerclée. «Les Russes sont aux portes de la ville, la population manque d’électricité, de gaz, d’eau…» Justine ajoute que dans les zones occupées, pour le moment, les soldats n’attaquent pas la population civile, «mais on ne sait pas comment Poutine va réagir comme il voit qu’il ne peut avancer aussi vite que prévu… Face à l’importante résistance de l’armée ukrainienne, il pourrait y avoir des représailles!»
Tandis que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’inquiète fortement de la santé de la population de l’Ukraine face à la crise qui s’aggrave, les communications sont largement entravées par les bombardements, les hôpitaux et les centres de santé difficilement ravitaillés alors que les blessés sont de plus en plus nombreux.
Il est impératif, note l’OMS, que le système de santé continue de fonctionner pour fournir à la population des soins essentiels pour tous les problèmes de santé, depuis la COVID-19 jusqu’au cancer, en passant par le diabète, la tuberculose et les troubles de la santé mentale.
Cela vaut d’autant plus pour les populations vulnérables, comme les personnes âgées et les migrants. L’OMS demande que l’ensemble des parties en présence mettent tout en œuvre pour veiller à ce que les infrastructures sanitaires, les agents de santé, les transports et les fournitures ne soient pas pris pour cibles.
Pendant ce temps, la paroisse genevoise de Sainte-Clotilde, par ailleurs très engagée dans la diaconie, s’est mobilisée. Des bénévoles, catholiques, protestants mais également des musulmans et des athées, sont sur place pour trier les cargaisons de vêtements et les médicaments qui affluent. «On va remplir plusieurs camions, on collecte des médicaments, des attelles, des compresses, de la bétadine, des anti-inflammatoires… On fait tout ce que l’on peut», lance Sandra Golay, la présidente de paroisse, relevant que toutes les Églises sont derrière la population ukrainienne. «Nous suivons les mots du pape François: ‘Que les armes se taisent!’ La guerre, ça suffit!» (cath.ch/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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