L'Irak ne peut être réduit à «un champ de bataille», affirme le pape

Un an après sa visite historique en Irak, du 5 au 8 mars 2021, le pape François a reçu les représentants des Églises chrétiennes présentes dans le pays, le 28 février 2022, au Vatican. Il a encouragé la reconstruction et la lutte contre le fondamentalisme, une «grave menace pour la paix».

Devant le cardinal Sako, patriarche des Chaldéens ou encore Mgr Mouché, archevêque syriaque catholique de Mossoul et Qaraqosh, le pape a fait mémoire de sa visite «inoubliable» sur la terre d’Abraham, terre «des commencements». «Sachez que vous êtes dans mon cœur», a-t-il assuré.

Souhaitant au peuple un vrai développement qui ne soit pas gâché par des intérêts extérieurs, il a affirmé aux Irakiens: «Votre pays a sa dignité, sa liberté, et ne peut être réduit à un champ de bataille.»

Alors que la terre irakienne s’est vidée de ses chrétiens ces dernières décennies – 80 % d’entre eux ont fui le pays depuis 1990 – le chef de l’Église catholique a plaidé une nouvelle fois pour leur maintien sur place. «Sans les chrétiens, l’Irak ne serait plus l’Irak», a-t-il martelé en insistant sur le fait qu’ils doivent être des citoyens «à part entière».

L’évêque de Rome a aussi rendu hommage aux martyrs de cette terre: «Je m’incline devant la souffrance et le martyre de ceux qui ont protégé la foi, y compris au prix de leur vie», a-t-il déclaré avant de demander aux pasteurs de soutenir les 400’000 fidèles restés sur place.

Éradiquer les causes du fondamentalisme

Pour le pape François, l’Irak «a la vocation de montrer au Moyen-Orient et dans le monde la coexistence pacifique des différences». Il a encouragé en ce sens les chrétiens irakiens à poursuivre le «dialogue constant» entre les diverses Églises – principalement chaldéenne, syriaque et assyrienne.

Le pontife argentin a appelé ces Églises à s’engager aussi dans le dialogue interreligieux qui n’est pas «une question de pure politesse ou de négociation, mais le meilleur antidote contre l’extrémisme». C’est un chemin souvent fatigant, a-t-il concédé, qui nécessite patience et compréhension.

Enfin, le pape a exhorté les baptisés à éradiquer les causes du fondamentalisme, notant que celui-ci s’enracinait «plus facilement dans des contextes de pauvreté matérielle, culturelle et éducative».

En pleine pandémie un an plus tôt, François, premier pape à fouler le sol de l’Irak, avait fait un voyage historique dans le pays en reconstruction. Il s’était notamment rendu à Ur auprès de la maison d’Abraham, dans les ruines de Mossoul, et à Qaraqosh dans le Kurdistan irakien, où se sont réfugiés les chrétiens à l’arrivée des troupes de Daesh. (cath.ch/imedia/ak/bh)

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