Evangile de dimanche: Des consignes pour changer de regard

L’Évangile proclamé ce dimanche donne le vertige. Les paroles de Jésus déconcertent. Elles mettent d’abord en lumière la démesure de l’Amour dont nous sommes aimés. Dieu est un Père miséricordieux. Quelle Bonne Nouvelle pour nous qui, souvent, faisons l’expérience de nos résistances et de nos peurs devant l’Amour! Jésus nous révèle, de façon prodigieuse, l’Amour gratuit, total, sans recherche d’intérêt comme celui de Dieu lui-même. Ainsi, nous pouvons accueillir cette Parole comme une Parole de réconfort et d’espérance.

Ces consignes exigeantes à nos yeux ne sont donc pas des consignes d’action ou des recettes de conduite incontournables pour être de vrais disciples. Ce sont plutôt des paroles de sagesse qui éclairent la vérité que tout homme porte en lui. Nous le savons. La soif d’aimer ou cette plénitude de vie qui nous tient debout est aussi marquée par cette démesure qui nous appelle à devenir humain. Observons Jésus: avec humilité, il prendra le chemin qui manifestera jusqu’où va cet Amour-là.

Bien sûr, à la suite du Christ, des femmes, des hommes se sont risqués dans l’aventure de cet Absolu. Ils ont été des témoins gracieux de la beauté de l’humanité. François d’Assise, Ignace de Loyola, Catherine de Sienne, Thérèse de Lisieux et tant d’autres connus et inconnus ont livré leur liberté à la folie de cet Amour de Dieu. Certes, ils ont appliqué d’une certaine manière les exigences évangéliques. En cela, ils nous donnent à voir les traces de bonheur possible qui émergent de la terre.

«Ce qui est en jeu, dans toutes ces consignes, c’est la réponse que nous faisons à la violence. Car la violence comme réponse à la violence ne peut être qu’illusoire.»

Chacune des consignes proposées par Jésus est riche d’enseignement. Toutes orientent notre regard vers la source infinie de l’Amour. «Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.» Cela peut paraître irréalisable si nous en restons au ressenti, aux blessures infligées. Or, il ne s’agit pas de sentiments qu’il faudrait écarter en durcissant mes émotions pour retrouver une relation nouvelle. Non, ce qui est en jeu, dans toutes ces consignes, c’est la réponse que nous faisons à la violence. Car la violence comme réponse à la violence ne peut être qu’illusoire. Du coup, c’est la violence qui doit être dépassée.

«A celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue.» Beaucoup reprocheront aux chrétiens, en s’appuyant sur cette phrase, d’être des illuminés vivant en dehors de la réalité de ce monde. L’Évangile ne demande pas de se faire frapper sur l’autre joue comme nous l’entendons souvent.

Rappelons-nous, Jésus, au cours de sa passion, sera giflé par un serviteur du Grand Prêtre. Il ne lui tendra pas l’autre joue comme réponse à ce méfait. Au contraire, il invitera son agresseur à rentrer en lui-même et à juger sa propre conduite. Ainsi, présenter une joue autre, c’est rejoindre son agresseur sans utiliser les mêmes armes que lui. Gandhi, dans sa lutte non-violente, s’appropriera ce principe évangélique pour mener à bien son action.

Enfants bien-aimés d’un tel Père dont l’Amour est sans mesure, nous cheminons dans la confiance, assumés par Son infinie miséricorde. C’est le lieu de la Vérité de notre vie pour que la Joie soit parfaite.

Bernard Miserez | Vendredi 18 février 2022


Lc 6, 27-38

En ce temps-là,
Jésus déclarait à ses disciples :
    « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez :
Aimez vos ennemis,
faites du bien à ceux qui vous haïssent.
    Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent,
priez pour ceux qui vous calomnient.
    À celui qui te frappe sur une joue,
présente l’autre joue.
À celui qui te prend ton manteau,
ne refuse pas ta tunique.
    Donne à quiconque te demande,
et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.
    Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous,
faites-le aussi pour eux.
    Si vous aimez ceux qui vous aiment,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
    Si vous faites du bien à ceux qui vous en font,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs en font autant.
    Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs prêtent aux pécheurs
pour qu’on leur rende l’équivalent.
    Au contraire, aimez vos ennemis,
faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour.
Alors votre récompense sera grande,
et vous serez les fils du Très-Haut,
car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.

    Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
    Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.
Pardonnez, et vous serez pardonnés.
    Donnez, et l’on vous donnera :
c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante,
qui sera versée dans le pan de votre vêtement ;
car la mesure dont vous vous servez pour les autres
servira de mesure aussi pour vous. »

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