Mgr Gänswein: Benoît XVI est un «obstacle» pour le Chemin synodal allemand

«La personne et l’œuvre de Benoît XVI font obstacle à certains objectifs que vise le chemin synodal» allemand, juge Mgr Georg Gänswein. Dans un entretien à la chaîne de télévision américaine EWTN, le secrétaire du pontife émérite, fustigeant ceux qui, dans son pays, ont essayé «d’accuser le pape émérite de quelque chose» lors de publication du rapport sur les abus dans l’archidiocèse de Munich-Freising.

Dans son interview,  Mgr Gänswein dénonce chez certains de ses compatriotes un «grand parti pris» associé à une «ignorance» des faits.  Pour le secrétaire de Benoît XVI il est possible de spéculer sur la concomitance de la publication du rapport de Munich – le 20 janvier dernier – et celle du chemin synodal allemand – du 3 au 5 février. Initié en 2019, le «Synodale Weg" défend actuellement une réforme de l’Église catholique, demandant notamment la fin du célibat des prêtres, l’ordination des femmes ou encore un changement de la doctrine sur l’homosexualité.

Pour Mgr Gänswein, le chemin synodal allemand fait courir le risque «que tout ce qui a trait à la pédophilie et aux abus soit maintenant pris de manière monocausale» en voulant atteindre ces objectifs. Considérant que le chemin allemand «ne correspond pas à un synode» mais à une démarche «pseudo-démocratique», il met en garde contre la poursuite d’un agenda politique voire idéologique qui tomberait dans «l’abus de l’abus» afin d’atteindre ses objectifs.

Concernant Benoît XVI, »certaines choses qui ne sont simplement pas vraies sont entretenues», estime Mgr Gänswein, parlant même d’un «désir de s’acharner sur lui». Des attaques qui contredisent «25 ans de son travail» contre les abus.

Benoît XVI, «père de la transparence«

Proche de Joseph Ratzinger depuis qu’il est devenu official au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1996, Mgr Gänswein explique pouvoir témoigner de son attitude face aux abus. Il »était convaincu, dès le début, qu’il fallait de la transparence, de la clarté, qu’il fallait appeler les choses par leur nom, qu’il ne fallait rien cacher».

Benoît XVI doit rester dans l’histoire comme le «père de la transparence» dans l’Église catholique sur les abus, affirme son secrétaire. «Il n’a pas seulement joué un rôle décisif, il a été la figure décisive, l’homme décisif», insiste-t-il, expliquant que c’est lui qui a «réussi à convaincre» Jean Paul II, malgré «une résistance interne».

En tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Ratzinger a essayé «de faire en sorte que les actions suivent ses convictions», aussi bien au niveau juridique que du point de vue de la «mentalité». Il a ainsi ouvert cette voie «que le pape François poursuit également» aujourd’hui, affirme le prélat allemand. 

«Je suis convaincu qu’une fois que ces tempêtes seront passées et que certaines des choses qui lui ont été reprochées auront simplement «pourri» – pour le dire crûment – on verra que la clarté de sa pensée, la clarté de son travail, les choses qu’il a faites, brillent de mille feux et sont un grand trésor pour l’Église»

Benoît XVI s’est déjà excusé

Quelques jours après la publication de la lettre de Benoît XVI répondant au rapport de Munich, Mgr Gänswein est revenu largement sur les derniers mois de Benoît XVI. Les excuses du pape émérite, assure-t-il, sont un écho des nombreuses excuses qu’il a exprimées auparavant lors de rencontres avec des victimes à l’époque où il était pape. 

«Ces rencontres étaient très émouvantes, toujours dans la chapelle, sans la presse», se souvient celui qui est secrétaire particulier de Benoît XVI depuis 2003. «Beaucoup de ces victimes», explique-t-il, ont après coup témoigné «combien cette rencontre leur avait fait du bien et comment toute la pression, le fardeau, avait été allégé». 

Les «mots vraiment touchants« de François

Mgr Gänswein a aussi témoigné de l’important soutien reçu par Benoît XVI de la part du pape François après la publication du rapport de Munich. «Il l’a appelé et l’a assuré de sa solidarité, de sa confiance absolue, de sa confiance fraternelle et de sa prière», assure-t-il. 

Benoît XVI a ensuite écrit sa lettre et l’a envoyée au pape François «avant qu’elle ne soit publiée». François l’a une nouvelle fois remercié «et lui a demandé si tout allait bien», avant de lui faire parvenir «une belle lettre» de soutien «avec des mots vraiment touchants». Un courrier personnel qui doit donc rester «confidentiel et privé», déclare cependant Mgr Gänswein.  (cath.ch/imedia/cd/mp)

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