Le Vatican n’entretient plus de relations diplomatiques avec la République populaire de Chine depuis 1949. L’établissement d’un pouvoir communiste athée a forcé la représentation du Saint-Siège à se déplacer à Hong Kong, alors protectorat britannique, et à Taïwan.
Des observateurs estiment pourtant que la donne pourrait changer, au vu de récentes réaffectations de postes dans ces deux derniers lieux. Le 31 janvier 2022, Mgr Arnaldo Catalan, chargé d’affaires du Vatican à Taïwan, a été nommé nonce apostolique au Rwanda. Le 5 février, Mgr Javier Herrera Corona, chef de la mission d’étude du Saint-Siège à Hong Kong, a été envoyé en République du Congo et au Gabon pour y occuper la nonciature. Ils étaient les diplomates les plus haut placés dans ces représentations asiatiques «stratégiques».
Leur départ suggère pour certains que des changements se préparent, tant dans les relations Vatican-Taipei que Vatican-Pékin, rapporte l’agence américaine Catholic News Agency (CNA). En effet, si le Saint-Siège voulait établir des liens diplomatiques avec Pékin, il devrait d’abord désavouer ses relations avec Taïwan. Pour la République populaire de Chine, l’île n’est qu’une province rebelle et Pékin n’accepte pas d’établir des relations avec un pays qui reconnaît le gouvernement de Taipei. Le Saint-Siège est l’un des 14 États, seulement, à le faire.
Indice révélateur ou malheureux hasard du calendrier? Selon une source familière de la diplomatie papale interrogée par CNA, il s’agirait plutôt de la seconde option. Car l’ouverture d’un canal diplomatique entre le Vatican et Pékin serait «plutôt improbable». Les représentations de Taipei et de Hong Kong auront certainement de nouveaux responsables, et elles ne sont pas considérées comme vacantes pour le moment, note la source.
Elle ajoute qu’actuellement la Chine n’aurait aucun intérêt à avoir des relations diplomatiques avec le Saint-Siège ou à ce que le Vatican rompe ses liens avec Taïwan.
La priorité dans les négociations entre le Vatican et Pékin serait de renégocier l’accord sur la nomination des évêques conclu pour la première fois en 2018, puis renouvelé pour deux ans en 2020 à titre expérimental. Après cela, la Chine et le Saint-Siège devront décider de confirmer l’accord, de le modifier ou de l’abandonner.
L’ouverture des relations avec Pékin compte cependant des partisans dans l’Eglise catholique, relève CNA. Mgr Peter Fang JianPing, évêque du Hebei, s’est récemment déclaré «optimiste» quant à cette perspective. Une frange de diplomates du Vatican y est également favorable, même si cela implique de quitter Taïwan.
Il s’agit maintenant de surveiller les nouvelles nominations pour Taipei et Hong Kong, ainsi que de surveiller les signaux en relation avec un renouvellement de l’accord la Chine-Saint-Siège. Si quelque chose devait changer, cela se verrait à travers ces événements, souligne CNA. (cath.ch/cna/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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