Après un long développement sur la fiabilité de l’étude statistique qui avait mené à une évaluation de 330’000 personnes victimes d’abus sexuels durant leur minorité dans l’Église catholique en France, la Ciase rappelle que sa première préoccupation a été l’écoute des victimes, une expérience différente de l’Académie catholique de France, qui s’est située, elle, sur un axe de défense de l’institution.
«Seule compte à ses yeux une certaine idée de la protection de l’Église catholique, qui paraît à la Ciase à la fois erronée et en contradiction profonde avec des enseignements essentiels de cette Église, régulièrement rappelés par le pape», est-il écrit dans la réponse.
La Commission Sauvé revendique notamment sa légitimité à poser la question de «l’identification entre la puissance sacramentelle et le pouvoir», dénoncée «avec ironie» par l’Académie catholique de France. Elle note que le pape François lui-même, dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium, avait mis en garde contre le fait que «le sacerdoce réservé aux hommes […] peut devenir un motif de conflit particulier, si on identifie trop la puissance sacramentelle avec le pouvoir.»
Sur la question du célibat sacerdotal, la Ciase rappelle, avec nuances, «qu’il n’y a clairement pas de lien de causalité entre le célibat et les abus sexuels». Elle interroge cependant «l’éthos d’une vie de célibat consacré, notamment et précisément dans la relation aux autres, compte tenu du triple risque d’abus de pouvoir, spirituel et sexuel, devant être considérés ensemble comme le souligne le pape François». La Ciase cite ici sa Lettre au Peuple de Dieu, parue le 20 août 2018.
La Commission s’appuie également sur le motu proprio du 7 mai 2019 du pape François, Vos estis lux mundi, pour dénoncer le refus, par l’Académie catholique de France, de l’indemnisation financière des victimes d’abus sexuels par l’Église. L’article 5 du motu proprio envisage en effet, pour toutes les personnes qui «affirment avoir été offensées», «une assistance médicale, thérapeutique et psychologique, selon le cas spécifique». «Quand on connaît le coût des thérapies induites par des violences sexuelles, on mesure la portée du geste prescrit par le pape», remarque la Ciase.
La critique la plus frontale concerne ce que la Ciase voit comme un parti pris de l’Académie catholique de France de refuser toute légitimité à des évaluations externes. En semblant considérer que «l’Église a le monopole de la vérité sur elle-même, y compris dans sa dimension la plus humaine, l’Académie succombe ainsi au piège du cléricalisme».
Dès lors, l’Académie catholique de France «prend avec détermination le contrepied des enseignements très clairs du pape François qui fustige avec une constante vigueur les poisons du cléricalisme et de l’autoréférentialité», insiste la Ciase.
La Commission Sauvé espère enfin que ses propositions pourront entrer en ligne de compte dans le cadre du processus synodal engagé par l’Église universelle depuis l’automne dernier. (cath.ch/imedia/cv/rz)
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