Le «fact-checking» des juristes de Benoît XVI sur le rapport de Munich

Par un «fact-checking« méthodique des quatre «comportements fautifs» reprochées à Benoît XVI dans le récent rapport sur les abus commis dans l’archidiocèse de Munich-Freising, ses quatre conseils allemands mettent hors de cause le pontife émérite.

La réponse des quatre juristes, une note juridique de trois pages transmise par le Bureau de presse du Saint-Siège le 8 février 2022, accompagne la lettre personnelle de Benoît XVI dans laquelle il demande pardon pour tous les abus commis par des prêtres de l’archidiocèse.

Benoît XVI n’a pas couvert le «cas 41«

Dans le «cas 41», les experts remettent en cause l’avis du rapport selon lequel Benoît XVI aurait incardiné un prêtre tout en sachant qu’il avait commis des abus, et dès lors «couvert les abus sexuels de ce dernier». «Joseph Ratzinger n’avait pas connaissance du fait que le prêtre X. était un abuseur», insistent-ils.

La question des abus n’avait pas été évoquée lors de la réunion à laquelle Benoît XVI avait nié avoir participé dans un premier temps avant de changer sa déposition. «Il était uniquement question du placement du jeune prêtre X., car il devait suivre une thérapie à Munich», expliquent les juristes.

Pas de mensonge, une erreur de transcription

Concernant le même cas, les quatre experts insistent sur le fait que la correction effectuée par le pontife émérite le 24 janvier n’est pas la preuve d’un «mensonge», mais d’une «erreur» commise par l’un d’entre eux. Plus précisément, il s’agit d’une «erreur de transcription passée inaperçue lors d’une des étapes ultérieures du travail» que n’a pas remarquée Benoît XVI «en raison des délais serrés imposés par les experts» du rapport de Munich.

L’erreur est d’autant plus vérifiable, avancent les juristes, que Benoît XVI avait déjà reconnu par le passé avoir participé à cette réunion. C’est le cas dans plusieurs articles, soulignent-ils, ainsi que, plus récemment, dans sa biographie rédigée par Peter Seewald et publiée en 2020.

Pas de faute dans les trois autres cas

Les quatre juristes du pontife émérite remettent ensuite en cause le fait que le cardinal Ratzinger ait eu connaissance des faits d’abus dans les trois autres cas. «Aucune preuve» n’est avancée dans le rapport qui prouve que Benoît XVI ait été au courant, insistent-ils. 

Ils notent que Ulrich Wastl, un des rédacteurs de l’enquête, avait reconnu lors de la conférence de presse de présentation du rapport qu’il n’y avait aucune preuve que Joseph Ratzinger avait eu connaissance des faits mais que leur «opinion subjective» était que cette connaissance était «majoritairement probable». 

Pas de minimisation de l’exhibitionnisme 

Dernier fait: Benoît XVI aurait minimisé les actes exhibitionnistes d’un prêtre coupable d’abus. Une affirmation qui, pour les quatre experts, repose sur une phrase de la déposition de Benoît XVI «sortie de son contexte». En l’occurrence: «Le curé X s’est fait remarquer comme exhibitionniste, mais pas comme auteur d’abus au sens propre du terme». 

Benoît XVI affirmait seulement que «selon le droit en vigueur à l’époque et selon l’appréciation de conseillers en droit canonique, l’exhibitionnisme n’était pas un délit», insistent les juristes. En outre, dans le même rapport, il a «dit clairement dans sa prise de position que les actes d’abus, y compris l’exhibitionnisme, sont «terribles», «pécheurs», «moralement condamnables» et «irréparables» ».  (cath.ch/imedia/cd/mp)

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