Ludwig Ring-Eifel, KNA / traduction adaptation Maurice Page
La troisième assemblée plénière de la voie synodale a débuté à Francfort par un débat de plus d’une heure sur la situation actuelle de l’Eglise. A cette occasion, de nombreux orateurs ont exprimé toute la profondeur de l’ébranlement et de l’incertitude provoqués par le rapport munichois et le scandale qui en a résulté suite à une fausse déclaration de Benoît XVI.
La bénédictine Philippa Rath a souligné que la vague de démissions qui a déferlé depuis lors s’est propagée jusqu’au cœur de l’Eglise, et même jusqu’aux monastères. Même les religieux rechignent désormais à se réclamer de «l’Église une, sainte, catholique et apostolique» dans le Credo. Certains se demandent s’il n’est pas possible de quitter l’Eglise tout en restant dans leur ordre.
Outre le scandale des abus en lui-même, le comportement de Benoît XVI a fait l’objet du débat. Plusieurs orateurs conservateurs ont pris sa défense. Ils ont rappelé l’action résolue qu’il a menée contre les auteurs d’abus en tant que préfet de Congrégation pour la doctrine de la foi et en tant que pape.
En outre, il ne faut pas lui jeter la pierre avant qu’il n’ait eu l’occasion de s’exprimer en détail sur les accusations de mensonge portées contre lui. Le cardinal Reinhard Marx, à qui l’on reprochait le même jour dans la Frankfurter Allgemeine Zeintung (FAZ) d’avoir participé au complot mensonger autour de l’ex-pape, s’est lui aussi fermement défendu.
C’est l’évêque de Ratisbonne Rudolf Voderholzer qui a provoqué le plus grand émoi. Dans son discours, il a critiqué la réforme du droit pénal sexuel allemand des années 1970 et s’en est pris aux sexologues libéraux qui formaient alors l’opinion. Ceux-ci auraient alors affirmé que les interrogatoires des victimes d’abus étaient plus graves que les abus sexuels eux mêmes, en réalité inoffensifs.
Mais comme il avait oublié d’utiliser le subjonctif et le discours indirect dans son intervention, cette citation a été mal interprétée par de nombreux membres du synode qui l’ont comprise comme une déclaration personnelle minimisant et relativisant les abus.
Plusieurs orateurs ont exprimé leur indignation face au dérapage présumé de l’évêque. Jusqu’à ce qu’il précise dans une nouvelle intervention qu’il désapprouvait totalement la minimisation des abus qu’il avait citée.
Ce n’est qu’en début de soirée que l’assemblée synodale, réunie dans un hall du palais des expositions de Francfort plein de courants d’air, a entamé les débats et les votes sur le fond. Un document d’orientation théologique très fondamental a d’abord été discuté avec beaucoup de sérieux. Quelques orateurs conservateurs ont critiqué le fait que le magistère des évêques soit trop supplanté par celui des théologiens. Ce sont donc surtout des professeurs de théologie et des évêques qui se sont disputés à ce sujet.
Au final, le vote a été cependant clair. Non seulement 86,4% de l’assemblée synodale ont voté pour, mais le projet a aussi reçu l’aval des deux-tiers des 59 évêques présents
Sur le plan théologique, le document d’orientation se rattache au concile Vatican II de 1962 à 1965, mais va bien au-delà de son affirmation de la contemporanéité. Il accorde à la théologie et à l’approbation subjective des fidèles un rôle nettement plus important que ne le faisaient les textes du Concile encore clairement centrés sur le magistère épiscopal. (cath.ch/kna/mp)
Rédaction
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