«Il serait préférable pour tous que les prêtres puissent choisir entre le célibat et le mariage», affirme le cardinal Marx dans un entretien au journal Süddeutsche Zeitung, relayé par les agences KNA et Kathpress. «Le célibat est un mode de vie difficile, je le dis toujours aux jeunes prêtres».
Le prélat allemand n’envisage toutefois pas une abolition générale du célibat, «car il s’agissait du mode de vie de Jésus». Mais il s’interroge «sur l’opportunité d’en faire une condition de base pour chaque prêtre».
L’archevêque juge en tout cas que pour certains ministres, le mariage serait préférable. «Pas seulement pour des raisons sexuelles, mais parce qu’ils seraient mieux dans leur vie en n’étant pas seuls».
Le cardinal est en tout cas convaincu que les discussions sur ce sujet doivent être menées. «Certains diront: si nous n’avons plus le célibat obligatoire, tout le monde va se marier! A cela je répondrais simplement: ‘Et alors? Si tout le monde se mariait, ce serait encore plus le signe qu’il y avait réellement un problème’».
Le prélat de Bavière ne fait toutefois pas un lien définitif entre célibat et abus sexuels. «On ne peut pas le dire globalement. Mais ce mode de vie qui suppose une proximité entre des hommes attirent aussi des gens qui ne sont pas adaptés (à la fonction), qui sont sexuellement immatures».
Le cardinal se montre plus réservé sur l’ouverture des ministères ordonnés aux femmes. Si, selon lui, la discussion doit être poursuivie, il admet ne pas avoir d’avis définitif sur ce point. Il relève toutefois que les arguments contre l’accès de la prêtrise aux femmes sont devenus, pour lui, de plus en plus faibles au cours de sa vie. «Je sais seulement que nous avons besoin d’un large consensus. Ou alors on casse tout l’édifice».
L’archevêque de Munich porte, de manière générale, un regard critique sur la morale sexuelle de l’Eglise catholique. Elle aurait généré selon lui «de nombreuses inhibitions». «Nous sommes en train de recevoir une facture qui s’est accumulée au fil des générations», a-t-il ajouté.
Le cardinal Marx à également répondu à la Süddeutsche Zeitung sur les accusations portées contre lui par un récent rapport d’une enquête indépendante sur les abus sexuels dans le diocèse de Munich-Freising. Le cabinet d’avocat a pointé une série de négligences de la part des derniers prélats ayant dirigé le diocèse bavarois, dont le pape émérite Benoît XVI.
Dans l’interview, le cardinal Marx rejette l’hypothèse selon laquelle lui ou ses plus proches collaborateurs auraient voulu protéger Joseph Ratzinger en 2010, alors que le débat sur les abus faisait rage.
Il espère également que le pape émérite s’exprimera de manière exhaustive sur le sujet, comme il l’a annoncé. Il souhaite aussi que «la déclaration contienne des paroles de compassion appropriées pour les personnes touchées et prenne en compte les attentes existantes dans ce domaine».
L’archevêque de Munich affirme n’avoir, lui-même, pas pu imaginer il y a 20 ou 30 ans que des abus d’une telle ampleur se produisaient chez des prêtres. Selon lui, les responsables de l’Église ont souvent cru les prêtres lorsque ces derniers niaient les accusations. «Je pense que nous avons voulu protéger le ministère de prêtre (…) Même après les premières lignes directrices de 2002», a déclaré le cardinal en se référant aux règles publiées à l’époque par la Conférence épiscopale allemande. Une attitude qui a cessé, selon lui, à partir de 2010, grâce au «choc» provoqué par la découverte de l’ampleur des abus. (cath.ch/kna/kap/sz/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-cardinal-marx-plaide-pour-la-fin-du-celibat-obligatoire/