Avec l’inclusion de nouvelles entités dans son budget, le Saint-Siège veut plus de visibilité, plus de transparence et plus de contrôle sur ses finances, a relevé le préfet du Secrétariat pour l’économie (SPE). La nouveauté de ce budget prévisionnel? Son périmètre s’est élargi. Ainsi le Saint-Siège a ajouté 30 entités qui n’étaient pas incluses dans son budget des années précédentes. Avec elles, le budget compte désormais 90 institutions et passe du simple au triple. Dans ce nouveau cadre, les recettes sont de 770 millions d’euros et les dépenses de 803 millions d’euros.
Même si le déficit budgétaire est plus bas que l’année précédente (33 millions contre 42 millions), il force à réduire encore les dépenses.
Ces nouvelles entités sont distinctes de la Curie romaine, mais sont propriétés du Saint-Siège ou sous sa responsabilité, comme l’hôpital pédiatrique Bambino Gesù, qui représente à lui seul 392 millions d’euros de dépenses supplémentaires, les basiliques papales, notamment Sainte-Marie-Majeure et les sanctuaires de Lorette, Pompéi et Padoue.
On sait que trois entités manquent encore à l’appel et devraient être incluses dans le budget de l’an prochain, notamment l’hôpital de Padre Pio Casa Sollievo della Sofferenza à San Giovanni Rotondo.
Si on s’en tient uniquement aux entités présentées dans le budget 2021, les revenus passent de 237,9 millions à 240,4 millions, soit une augmentation de 2,5 millions. Une hausse qui s’explique principalement par une augmentation significative des revenus immobiliers (+6,7 millions d’euros) financiers (+2,6 millions) et des contributions des entités attachées au Saint-Siège (+3 millions d’euros).
Ces gains viennent compenser la baisse des dons, liée aux effets de la pandémie: -9,5 millions d’euros en 2022, (après une année 2021 qui avait vu une baisse similaire de -9,7 millions). Si on exclut la part du Fond du Denier de Saint-Pierre, qui gère les dons des fidèles sur le long terme, est stabilisée à 47,3 millions d’euros.
Dans ce budget, les dépenses prévisionnelles sont de 289 millions d’euros contre 293 millions l’année précédente. Le Père Guerrero qualifie cette économie d’«historique». Elle s’explique principalement par la baisse des coût du personnel (-2 millions d’euros), la dépréciation des biens (-2,6 millions) et des dons du Saint-Siège (-2,8 millions). Seules les dépenses administratives et coûts généraux devraient augmenter (+5,1 millions d’euros).
Limiter les dépenses, tel est le maître-mot du Saint-Siège, au prix de «beaucoup de sacrifices personnels pour un grand nombre», a admis le préfet. Pour la Curie, cette politique d’austérité budgétaire a un impact direct sur de nombreux dicastères. En mars 2021, le pape François a décidé de baisser les salaires des chefs et des religieux de la Curie romaine, sans toutefois toucher à ceux des laïcs.
D’après des estimations vaticanes, quelque 2’700 employés du Vatican sont concernés par ce budget, qui n’inclut pas les comptes du Gouvernorat de la cité du Vatican gérant les Musées du petit État, qui ont connu une perte importante depuis le début de la pandémie.
À moyen terme, «nous avons certainement besoin d’un plan pour augmenter les revenus», a déclaré le jésuite. Le Saint-Siège envisage, entre autres, d’optimiser le rendement du patrimoine détenu par l’APSA (l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique). Alors que seuls 20 % des biens immobiliers sont aptes à la location, l’organisme souhaite augmenter cette superficie.
«Notre objectif est d’être viables et non d’avoir un excédent», a précisé le préfet dans le long entretien. Le Saint-Siège n’entend en outre pas réduire la charité du pape mais plutôt l’augmenter, a aussi affirmé le jésuite en citant la vaccination offerte aux plus démunis.
Enfin, le Père Guerrero a assuré que le Saint-Siège cherche à tirer des leçons des «grosses erreurs» commises dans la gestion financière. «Plus de professionnalisme, plus de travail en équipe, plus de transparence et moins de secrets, pour une comptabilité propre», a-t-il martelé en slogan.
Le bilan du Denier de Saint Pierre sera clôturé fin février. Il devrait enregistrer une baisse de 15% (collecte 37 millions d’euros en 2021 contre 44 millions d’euros en 2020). Le bilan de fin d’année 2021 sera quant à lui présenté mi-2022. (cath.ch/imedia/cd/mp)
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