St-Maurice est depuis longtemps un haut-lieu de l’orgue. Une notoriété qu’elle doit en grande partie au chanoine organiste Georges Athanasiadès, qui a œuvré pendant 70 ans dans l’Abbaye. Ce dernier, ayant pris sa retraite en 2018, les chanoines ont recherché un successeur de qualité. Ils l’ont trouvé en la personne du virtuose Thomas Kientz.
Après l’avoir engagé, les chanoines lui ont demandé de leur «rêver l’orgue du 21e siècle».
Le musicien alsacien leur a alors présenté son projet, explique à cath.ch Olivier Roduit, procureur de l’Abbaye. «Nous n’avons pas pu accéder à toutes ces demandes», note le chanoine, qui relève l’enthousiasme de l’organiste.
Il en a émergé un projet de rénovation qui s’apparente à un «relevage complet» (démontage et nettoyage) et à l’agrandissement de l’instrument. Un chantier de haute technologie et de grand savoir-faire au terme duquel l’organiste pourra jouer «toutes les musiques», des plus anciennes aux contemporaines.
La rénovation consistera en l’ajout de quelque 600 tuyaux à ceux déjà existant. La console passera de trois à cinq claviers, ce qui permettra d’explorer de nouveaux répertoires. La console sera mobile, afin que le public puisse voir jouer l’organiste, ce qui n’était pas le cas avant.
Un couplage est en outre prévu avec l’orgue de chœur, plus petit. Il sera ainsi possible de commander les deux instruments depuis la même console, grâce à la fibre optique.
Comme il est impossible d’amener un orgue en studio, une infrastructure d’enregistrement sera installée dans l’église. L’organiste pourra ainsi en tout temps s’enregistrer lui-même. Cela permettra aussi de réaliser des captations sonores de qualité pour les messes radiodiffusées et les directs sur internet.
Mais il ne s’agit-là que du volet «hardware» du projet, note Olivier Roduit. Le volet «software» prévoit un développement de l’Abbaye de St-Maurice comme pôle de l’orgue. «L’idée est dans l’air depuis longtemps de mettre en place une école pour jeunes organistes. Nous avons décidé de mettre le nouvel instrument au service de ce projet».
L’ambition est de développer toute une «saison musicale». Un festival est prévu, ainsi qu’un concours d’orgue plus élaboré que celui organisé actuellement tous les deux ans à St-Maurice. L’Abbaye souhaite pouvoir attirer les plus grands noms de ce type de musique, sur le plan international. Un label discographique doit aussi être créé.
Il est prévu que le vieil orgue fasse entendre ses dernières notes le 22 septembre 2022, date de la Fête de saint Maurice. Idéalement, les nouvelles sonorités devraient être appréciées le 28 mai 2023, pour la Pentecôte, avec une bénédiction et un concert d’inauguration.
L’Abbaye est toujours en recherche de fonds pour le projet. Le volet «hardware» prend la plus grosse part, avec plus de deux millions de francs. Le «software» est, lui, devisé à environ 300’000 francs.
Olivier Roduit indique que les deux cinquièmes de la somme ont déjà été récoltés. Le chanoine a bon espoir que le reste soit réuni assez rapidement. Pour activer la recherche de fonds, l’Abbaye est partie à la recherche de mécènes et de parrainages. Des promesses de dons ont déjà été réalisées, notamment de la part du mécène Léonard Gianadda.
Les chanoines ont aussi approché des célébrités pour soutenir leur démarche. Ils sont fiers d’avoir pu convaincre la chanteuse américano-suédoise Barbara Hendricks de devenir la marraine du projet. «A ma connaissance, elle n’est pas encore venue à St-Maurice», relève Olivier Roduit. Il rêve tout de même qu’elle puisse venir marier un jour son chant aux notes du nouvel orgue dans la basilique. (cath.ch/rz)
Vers le site internet du projet
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/labbaye-de-st-maurice-se-voit-en-pole-international-de-lorgue/