«Dans tous les cas, Benoît XVI réfute tout comportement fautif», a expliqué un des auteurs du rapport, l’avocat Martin Pusch, lors de la présentation. Le pontife émérite, qui a collaboré à l’enquête, a soumis au cabinet une déclaration de 88 pages qui est publiée, avec son consentement, dans le rapport.
Un texte qui donne, selon Martin Pusch, un «aperçu authentique» de l’attitude que peut avoir un éminent représentant de l’Église catholique face aux abus. L’avocat a cité un bref extrait du rapport dans lequel le pontife émérite explique son attitude vis-à-vis d’un prêtre abuseur par ces mots: «Le prêtre s’est fait remarquer comme exhibitionniste, mais pas comme auteur au sens propre du terme».
Les avocats ont mis en doute le témoignage du pape émérite concernant un cas. Benoît XVI affirme avoir été absent lors d’une réunion pendant laquelle a été décidé l’accueil par l’archidiocèse de Munich d’un prêtre d’un autre diocèse connu pour avoir commis des abus. Ce dernier avait recommencé une fois installé en Bavière. Les avocats, s’appuyant sur un procès-verbal de la réunion, ont jugé que le témoignage du pontife émérite était «difficile à confirmer».
Deux autres cas concernent des auteurs d’abus qui ont été autorisés à rester actifs dans la pastorale sans restriction de leurs activités.
«Les abus sexuels dans l’Église catholique ne sont pas un phénomène du passé», a aussi déclaré Martin Pusch, mettant en cause la gestion des cas d’abus par le cardinal Marx. Le haut prélat allemand avait remis sa démission en juin dernier au pape François – ce dernier la refusant – en reconnaissant avoir manqué à ses devoirs dans la gestion des cas d’abus.
Le cardinal Marx doit réagir au rapport à 16h30, heure de Munich. Dans une lettre publiée en juillet dernier, il avait déclaré ne pas exclure de remettre sa démission une seconde fois au pontife.
Le rapport, commandé par l’archidiocèse de Munich, fait 1’600 pages. Il a été réalisé par le cabinet d’avocats Westpfahl Spilker Wastl (WSW).
Le cabinet a identifié 235 auteurs présumés d’abus, dont 173 prêtres, ainsi que 497 victimes présumées. 60% des abus auraient été commis sur des enfants entre 8 et 14 ans. La plus grande partie des crimes ont été commis entre les années 1960 et 1970.
Se référant au rapport Sauvé, publié en octobre dernier en France et dans lequel des estimations ont été effectuées, les avocats ont enfin tenu à souligner que les chiffres de leurs rapports ne représentaient que la «zone claire» du phénomène, estimant que la «zone sombre» était «plus vaste encore».
«Le Saint-Siège estime devoir accorder toute l’attention nécessaire au document, dont il ignore actuellement le contenu», a indiqué le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, peu après la publication du rapport.
«Dans les prochains jours, après sa publication, il l’examinera et sera en mesure d’en étudier correctement les détails», a précisé l’Italien. Le Vatican dit réitérer «son sentiment de honte et de remords pour les abus sur mineurs commis par des clercs». Et assure «toutes les victimes de sa proximité et confirme la voie qu’il a empruntée pour protéger les enfants en leur garantissant un environnement sûr». (cath.ch/imedia/cd/rz)
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