L’enquête diocésaine conduite à Cologne sur les abus accable Mgr Stefan Hesse. Il s’était occupé de l’affaire en 2010 et 2011 en tant que chef du personnel à Cologne. Il aurait alors manqué à ses devoirs. Il n’est pas le seul haut dignitaire ecclésiastique à être cité à comparaître. L’ancien official Günter Assenmacher sera également entendu. C’est la première fois en Allemagne que deux représentants de haut rang de l’Eglise sont entendus comme témoins dans une procédure pour abus.
Selon l’acte d’accusation, l’ancien prêtre U. aurait abusé de ses trois nièces mineures à 31 reprises entre 1993 et 1999. En 2010, le prêtre a été dénoncé par sa nièce. Elle avait toutefois retiré sa plainte par la suite. L’ancien official avait alors considéré les abus commis sur les fillettes comme une «affaire de famille» interne.
C’est dans le cadre de son enquête sur les abus en 2018, que l’archevêché de Cologne a finalement rouvert le dossier. En 2020, le parquet a déposé plainte contre le prêtre. Cette fois-ci, les trois nièces se sont portées partie civile – ainsi qu’une autre victime présumée qui accuse U d’avoir abusé d’elle à deux reprises en 2011.
Les témoignages recueillis jusqu’à présent devant le tribunal indiquent en outre qu’il pourrait y avoir d’autres victimes. Les déclarations d’une fille dont il avait la garde devraient également peser lourd sur l’accusé. Cette femme, aujourd’hui âgée de 55 ans, avait fait la connaissance d’U. dans les années 1970 dans un foyer pour enfants à Bonn, où il travaillait pendant ses études de théologie.
Avec l’autorisation de l’archevêché et du service de la jeunesse, il avait emmené chez lui au presbytère la fillette alors âgée d’une douzaine d’années, ainsi qu’un garçon du foyer. Il aurait commis sur elle des agressions sexuelles. La jeune fille se serait trouvée deux fois enceinte et les deux grossesses ont été interrompues par un avortement.
Le parquet avait déjà enquêté sur U. en 2010, mais la plaignante et nièce du prévenu avait retiré sa plainte. La procédure avait été abandonnée et l’ecclésiastique, qui avait été temporairement suspendu, avait été autorisé à travailler à nouveau comme aumônier d’hôpital. Les responsables de l’archevêché, dont Mgr Hesse et Mgr Assenmacher, avaient renoncé à prendre d’autres mesures et n’avaient pas non plus signalé les accusations au Vatican.
L’enquête reproche aux responsables de graves néglicences. Contrairement à ses obligations de chef du personnel, Mgr Hesse aurait ainsi pas fait consigner un interrogatoire de U. par des responsables de l’évêché. Quant à Mgr Assenmacher, il aurait donné un faux avis juridique sur la question de savoir si l’archevêché devait faire une déclaration à Rome.
Après la présentation de l’enquête le cardinal Woelki, archevêque Cologne, a démis de ses fonctions l’official. Et Mgr Hesse a présenté sa démission de son poste d’archevêque de Hambourg, que le pape François a pour l’heure refusée. (cath.ch/kna/mp)
Maurice Page
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