Anna Kurian/I.Média
Près de la Porte Sainte Anne du Vatican, trois délégations aux costumes de mages rutilants sur leur aube blanche se pressent: des enfants venus du Sud Tyrol en Italie, d’Allemagne et, pour la première fois, quatre francophones de Neuchâtel. Sevan, 13 ans, et trois reines de 11 ans, Norah, Bree Victoria et Salomé, répètent un dernier chant en français, rajustent un dernier masque sur leur visage, avant d’entrer, guidés par Eliah, jeune garde de 23 ans originaire du canton de Berne.
Liés aux Œuvres pontificales missionnaires (appelées Missio en Suisse), les Chanteurs à l’étoile sont 15’000 en Suisse, explique la responsable du groupe francophone, Nadia Brügger. Malgré les vents contraires de la pandémie, les enfants ont continué cette année à récolter des fonds pour soutenir 200 projets en faveur d’enfants en difficulté. «Les chanteurs apportent la joie, c’est vraiment l’Église qui sort et va à la rencontre des gens», affirme-t-elle. «Oui c’est vraiment génial d’être Chanteur à l’étoile!», abonde la jeune Norah, grand sourire et yeux brillants à l’appui. «Ce n’est pas que pour l’aventure, c’est surtout pour aider les enfants qui n’ont pas de chance», ajoute-t-elle avec ferveur, en jouant avec le cordon de l’étoile dorée qui pend à son cou.
Autour du Garde suisse, les questions fusent dans la cour d’honneur: «Est-ce que le pape est là? Est-ce qu’on peut aller au tunnel secret?». Amusé, Eliah se prête au jeu, répond, présente la salle de sport, fait visiter les collections exposées à l’armurerie. Le jeune soldat fait part de sa fierté d’être engagé au sein de la plus ancienne et de la plus petite armée du monde, avec ses 135 membres. «J’ai une chance incroyable d’être là, de protéger le pape». Une mission qui ne se cantonne pas à la sécurité du Vatican, mais s’étend aussi à de l’aide sociale, témoigne-t-il en évoquant les personnes en détresse qui viennent s’épancher auprès des gardes aux costumes bariolés.
Et «comment on devient Garde suisse?» interrogent les enfants, intarissables. Pour Eliah, l’histoire remonte à ses dix ans. À Noël 2008, venant en vacances à Rome avec ses parents, il assiste à la bénédiction Urbi et Orbi présidée alors par le pape Benoît XVI, le 25 décembre. Sur la Place Saint-Pierre, la Garde suisse déploie son cortège et sa fanfare. «Moi je veux faire ça», se promet l’enfant, fasciné. «Douze ans plus tard, j’ai réalisé mon rêve», affirme le militaire à ses petits hôtes tout-ouïes.
Les Chanteurs à l’étoile sont ensuite invités à une messe dans la chapelle de la Garde suisse, où trône une grande crèche. En clin d’œil aux Suisses romands assis au premier rang, l’aumônier, le Père Kolumban Reichlin, glisse quelques mots de français pendant la liturgie en allemand, sobre et recueillie.
Puis c’est le grand moment, perpétuant la tradition alpine: juchés sur un escabeau, les petits rois mages inscrivent à la craie la bénédiction sur les portes en bois de la caserne. Un mystérieux «20*C+M+B+22» s’affiche désormais sur les frontons. Christus Mansionem Benedicat, que le Christ bénisse cette maison, répètent les enfants. «Merci d’être venus», leur lance le colonel Christoph Graf, commandant de la Garde, qui les convie à un petit buffet dressé dans la cour.
Cette visite des Chanteurs à l’étoile au Vatican organisée depuis 13 ans – et depuis cinq ans chez les Gardes suisses – est «une reconnaissance du pape pour leur action missionnaire», souligne Nadia. Elle se conclura par la messe du 1er janvier en la basilique Saint-Pierre, avec l’évêque de Rome. Une célébration au cours de laquelle ils participent traditionnellement à la procession des offrandes.
Vêtus du costume des rois, des délégations de Chanteurs à l’étoile d’Europe assistent à la messe du Nouvel An avec le pape depuis 2001, grâce à l’organisation «Kindermissionswerk ‘Die Sternsinger’» d’Aix-la-Chapelle en Allemagne. La venue des délégations de Chanteurs à l’étoile a été annulée l’année dernière à cause de la pandémie. Cette année, seules trois délégations se sont rendues à Rome. Au programme de la délégation suisse figure aussi une rencontre avec le cardinal Kurt Koch le 31 décembre. (cath.ch/imedia/ak/bh)
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