«Pars et garde bien cette clé sculptée de roche d’étoiles. Ne la montre à personne et ne la perds sous aucun prétexte. Lorsque tu parviendras au bout de l’horizon, laisse ta mule et marche seul jusqu’au pied de l’arc-en-ciel. Si ton cœur est pur, ta clé ouvrira la porte et tu découvriras le secret des mondes…»
Dans les nombreux récits des contes et légendes des peuples, les signes du ciel attisent le questionnement des chercheurs de sens. La disposition des étoiles, les sept couleurs de l’arc-en-ciel, la croissance et la décroissance de la lune ou le tonnerre qui gronde touchent du doigt l’insaisissable et dessinent des ponts sensibles entre visible et invisible. La promesse d’un Graal caché demeure la récompense à atteindre pour tous les chevaliers d’arches perdues.
Un air des «Mille et une nuit» parfume aussi notre page d’évangile et l’imaginaire populaire l’a encore abondamment enrichi. Turbans multicolores, tissus précieux, dromadaires élégants, musiques orientales, ascendance royale des chercheurs d’étoiles écrivent entre les lignes des histoires merveilleuses. La magie de Noël opère. Il faut dire que Matthieu saupoudre de mystère son récit.
«Après la visite des bergers, les régionaux de l’étape, les érudits d’autres terres nous prennent par la main pour conduire nos quêtes les plus profondes au pied de l’enfant-Dieu.»
Il nous laisse miroiter l’Orient et ses encens, lâche deux lignes sur des mages et une étoile pointée en flèche sur la mangeoire de Bethléem avant d’inonder la sainte famille de cadeaux précieux. Et même s’il ne pipe mot sur l’identité des voyageurs, ni sur leur itinéraire, il tisse une trame à suspens qui fait entrer le lecteur en émoi dans la ronde. On prie avec un cœur d’enfant pour que les sages percent à jour le machiavélisme d’Hérode. On est présents dans son palais et on retient son souffle, on applaudit en observant la sagacité de ces étrangers, on ressent l’aura majestueuse de leur science, on les accompagne à la crèche et on tombe à genoux d’admiration devant l’enfant-Jésus. Avec eux.
L’art narratif du premier évangile nous plonge à l’intérieur-même de la scène comme si nos pieds foulaient les rues de Bethléem. Après la visite des bergers, les régionaux de l’étape, les érudits d’autres terres nous prennent par la main pour conduire nos quêtes les plus profondes au pied de l’enfant-Dieu. Comme si toutes les sagesses du monde avaient rendez-vous au même endroit.
L’Orient qu’ils quittent n’en manquait pourtant pas. Il a vu naître Confucius le vertueux et le merveilleux Bouddha, Patañjali maître suprême du yoga et Zarathoustra chercheur de vérité. Les mages quittent ces terres gratifiées des primeurs de l’aube, à cause d’une étoile, astre de la nuit! La splendeur des vertus et de la méditation silencieuse auraient-elles encore à éprouver le don gratuit de la vie reçue?
Leurs offrandes ressembleraient alors bien davantage à un lâcher-prise qu’à une obole. Ils déposent leurs acquis comme un agonisant confiant remet en offrande sa vie au Christ. Aucun dialogue n’est retranscrit de leur rencontre avec Joseph et Marie. Le Verbe de Dieu reste muet lui aussi. Il ne propose aucune sagesse supplémentaire, aucune technique nouvelle pour atteindre la zénitude. Il n’attend pas l’exploit des héros d’Indiana Jones. Il partage juste une vie, unique et précieuse, à accueillir avec ses méandres, ses dangers, ses beautés et ses rêves…
Didier Berret | Vendredi 31 décembre 2022
Mt 2, 1-12
Jésus était né à Bethléem en Judée,
au temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient
arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé,
et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple,
pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent :
« À Bethléem en Judée,
car voici ce qui est écrit par le prophète :
Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es certes pas le dernier
parmi les chefs-lieux de Juda,
car de toi sortira un chef,
qui sera le berger de mon peuple Israël. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret
pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer
pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient
les précédait,
jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit
où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison,
ils virent l’enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à ses pieds,
ils se prosternèrent devant lui.
Ils ouvrirent leurs coffrets,
et lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
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