La Chine interdit Noël, «fête occidentale»

Selon un document fuité, les autorités chinoises ont ordonné des restrictions sur les célébrations de Noël. Si le pouvoir donne le prétexte de mesures anti-Covid, il inscrit ce geste dans un effort de «sinisation» de la société.

Dans plusieurs parties de la Chine, des limitations et des interdictions ont été introduites en rapport à la célébration de Noël, y compris dans les lieux de culte.

L’information provient du média indépendant en ligne Bitter Winter. La plateforme a été lancée en 2018 en tant que magazine web sur la liberté religieuse et les droits humains en Chine. Il est publié quotidiennement en huit langues par le Centre d’études sur les nouvelles religions (CESNUR), dont le siège est à Turin. Des universitaires, des journalistes et des militants des droits humains de différents pays y travaillent ensemble pour donner la parole aux sans-voix en publiant des informations, des documents et des témoignages sur les persécutions contre toutes les religions en Chine.

Bitter Winter travaille avec un réseau de plusieurs centaines de correspondants dans toutes les provinces chinoises.

Interdire les «festivals occidentaux»

L’une des sources du média a ainsi envoyé depuis la province de Guangxi, dans le sud de la Chine, un document confidentiel dont les directives proviennent directement du Comité central du Parti communiste chinois. Le décret n’est pas posté sur internet et les institutions qui l’ont reçu n’ont pas le droit de le rendre public. Selon Bitter Winter, les autorités ne veulent pas que le contenu soit divulgué en Occident. Il enjoint en outre à diffuser de fausses images de célébrations de Noël, afin que l’on ne puisse pas soupçonner les restrictions.

Le document, daté du 20 décembre 2021, a été publié par le département de l’éducation du comté de Rong’an, dans la ville de Liuzhou (région autonome du Guangxi), et adressé à toutes les écoles primaires et maternelles. Il est intitulé «Diffuser la culture traditionnelle chinoise et interdire les célébrations de festivals occidentaux».

Appel à la dénonciation

Le document explique que les termes «Noël» ou «Sainte Nuit» sont «imprégnés d’une profonde culture religieuse occidentale. Certaines nations occidentales s’appuient sur leur technologie et leur culture avancées pour diffuser leurs valeurs et leur mode de vie en Chine, attirant ainsi nos jeunes».

La directive demande instamment de dénoncer aux autorités tout individu ou organisation célébrant un événement de Noël. Elle indique également qu’un agent spécial a été désigné au sein du Bureau de la sécurité publique du comté pour traiter les plaintes relatives à cette affaire.

Plus d’activités religieuses en ligne

L’affaire du Guangxi révèle un raidissement général de Pékin envers le christianisme, en cette fin 2021. Le 20 décembre, également, l’Administration d’État pour les Affaires religieuses (SARA) a annoncé qu’il ne sera plus possible d’organiser des activités religieuses en ligne sans l’autorisation du gouvernement chinois, rapporte Eglises d’Asie (EDA).

Ces nouvelles règles, qui entreront en vigueur le 1er mars 2022, reflètent les directives du président Xi Jinping, formulées lors des sessions de travail de la dernière Conférence nationale sur les Affaires religieuses, organisée début décembre. À cette occasion, le président chinois a annoncé son intention de renforcer le contrôle «démocratique» sur les religions dans le pays. (cath.ch/bitterwinter/ucanews/eda/rz)

Les religions, toujours sous contrôle en Chine

La Chine communiste est un État officiellement athée. Elle reconnaît toutefois l’entité légale de cinq religions organisées: le bouddhisme, le taoïsme, le catholicisme, le protestantisme et l’islam.

Le gouvernement contrôle strictement toutes les religions et activités religieuses par l’intermédiaire de divers organismes sanctionnés par l’État, tandis que les organismes religieux non enregistrés sont réprimés. La mise sous cloche des religions s’est intensifiée sous la présidence de Xi Jinping. La réglementation de 2018 sur les affaires religieuses criminalise toute activité religieuse jugée illégale et non autorisée par l’État.

Le régime communiste a également déployé de gros efforts pour mettre en œuvre la politique de sinisation, une idéologie profondément politique qui vise à imposer des règles strictes aux sociétés et aux institutions sur la base des valeurs fondamentales du socialisme, de l’autonomie et du soutien à la direction du Parti communiste. RZ

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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