kath.ch: Pro Ecclesia critique la nomination de Jacqueline Straub

Dans une lettre datant de fin décembre 2021, l’association conservatrice alémanique Pro Ecclesia affirme que la nomination de Jacqueline Straub comme cheffe de service de kath.ch est une «provocation». La journaliste-théologienne tient en effet une ligne très progressiste, militant notamment pour avoir elle-même accès à la prêtrise.

Le choix de Jacqueline Straub pour épauler Raphael Rauch, rédacteur en chef de kath.ch, dans la rédaction catholique alémanique, ne plaît apparemment pas à Pro Ecclesia. Le groupe s’engage pour vision traditionnelle de l’Eglise. Il avait déjà fait entendre sa critique concernant la ligne éditoriale prise par kath.ch depuis l’arrivée de Raphael Rauch, en 2020.

Dans une récente lettre mentionnée par le quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung (NZZ) du 23 décembre 2021, Pro Ecclesia considère que la nomination de Jacqueline Straub est une «provocation».

La théologienne, qui a été journaliste à la télévision publique alémanique, a en effet depuis longtemps publiquement déclaré son intention de devenir un jour prêtre. Apparue dans le classement 2018 des «femmes les plus influentes et inspirantes» du monde, publié par BBC, elle affiche des opinions résolument réformistes, en particulier sur la place des femmes dans l’Eglise.

Attaques conservatrices

La NZZ souligne que la charge de Pro Ecclesia n’est pas la première contre le portail alémanique. Sa nouvelle orientation, que certains considèrent comme «tapageuse» et «boulevardière», a provoqué de nombreuses réactions dans la sphère catholique, mais aussi dans la presse profane.

La NZZ évoque un «cercle de prêtres anonymes» qui se serait plaint, sur le site web conservateur kath.net, du nouveau ton adopté par kath.ch. Des utilisateurs anonymes auraient également tenté d’inonder de critiques la biographie de Raphael Rauch sur Wikipedia. Le rédacteur en chef de l’hebdomadaire conservateur alémanique Weltwoche, Roger Köppel, s’est attaqué pendant près de quatre minutes au journaliste catholique, dans sa capsule vidéo «Weltwoche Daily».

Distance des évêques

La NZZ rappelle en outre que la Conférence des évêques suisses (CES) s’est distanciée à plusieurs reprises des contenus diffusés par kath.ch. En octobre 2021, les évêques ont pris leur distance avec un article critiquant le comportement d’enseignants au séminaire de Coire. Précédemment, les évêques suisses, ainsi que la Conférence centrale catholique romaine (RKZ), ont présenté leurs excuses en rapport à un papier d’opinion de Raphael Rauch faisant une comparaison controversée entre l’Holocauste et l’initiative sur les Multinationales responsables.

Aussi des soutiens

Au-delà des critiques, la nouvelle ligne de kath.ch compte également des partisans. La NZZ elle-même considère que «Rauch n’a pas uniquement rendu le portail plus ‘boulevardier’, mais également plus pertinent. L’équipe éditoriale a développé une sensibilité pour les sujets brûlants auxquels les catholiques sont confrontés.»

Le fait est que kath.ch est mieux perçu dans les communautés ecclésiales plus urbaines, multiculturelles et libérales de Suisse alémanique. La présidente du Conseil synodal de l’Église de Zurich, Franziska Driessen-Reding, défend notamment le caractère investiguant du portail. «Cela peut être douloureux quand des aspects négatifs de nous sont rendus publics, mais nous devons en discuter et sortir de notre zone de confort». La responsable d’Eglise estime qu’il serait dommage que kath.ch disparaisse à nouveau dans l’insignifiance.

La NZZ note aussi les compétences d’investigation dont a fait preuve kath.ch dans plusieurs dossiers, dont celui de la nomination de Mgr Joseph Bonnemain au siège de Coire.

La CES et la RKZ ont signifié leur intention de ne pas s’exprimer publiquement sur la polémique. kath.ch confirme qu’un dialogue est en cours et qu’une médiation préalable a déjà eu lieu entre kath.ch, la CES et la Conférence centrale. (cath.ch/nzz/arch/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/kath-ch-pro-ecclesia-critique-la-nomination-de-jacqueline-straub/