Le cardinal Cantalamessa plaide pour sortir d'une Église kafkaïenne

Le cardinal Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, s’est appuyé sur un récit de l’écrivain Franz Kafka pour éclairer l’idée selon laquelle l’Église devait se libérer d’une certaine autoréférentialité et proclamer sans contrainte la Bonne Nouvelle.

Le capucin de 87 ans a poursuivi, le 17 décembre 2021, ses prédications de l’Avent devant le pape François et la Curie romaine dans la salle Paul VI du Vatican. Avant de débuter sa catéchèse, il a souhaité un bon anniversaire au pontife argentin qui célébrait son 85e anniversaire.

Dans son propos, le prédicateur a insisté sur un thème cher au pape : « la lutte contre l’autoréférentialité de l’Église ». Pour éclairer sa pensée, il a rapporté le récit de l’écrivain Franz Kafka (1883-1924) intitulé Un Message impérial. Écrit en 1917, il raconte l’histoire d’un messager devant porter un message capital à l’extérieur d’un château dont il n’arrive finalement jamais à s’extraire à cause de la complexité du lieu.

« En lisant ce récit, a expliqué le religieux, on ne peut s’empêcher de penser au Christ qui, avant de quitter ce monde, a confié à l’Église le message suivant : «Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création». Et on ne peut s’empêcher de penser à tous ces hommes qui se tiennent à la fenêtre et rêvent, sans le savoir, d’un message comme le sien ».

Pour le Père Cantalamessa, il faut tout faire pour « que l’Église ne devienne jamais ce château compliqué et encombré décrit par Kafka ». Il s’agit donc que le « message puisse en sortir aussi libre et joyeux qu’au début de sa course ».

Il a alors listé ces « murs de séparation » qui retiennent aujourd’hui le message de l’Évangile : les murs qui séparent les différentes Églises chrétiennes, les excès de bureaucratie ou encore « les vestiges d’un cérémonial devenu insignifiant ».

Prenant encore une image, le cardinal a comparé l’Église à certains bâtiments anciens : « Au fil des siècles, pour les adapter aux besoins du moment, on les a remplis de cloisons, d’escaliers, de pièces, de placards et de soupentes ».

Mais, a-t-il ajouté, le moment vient où l’on se rend compte que toutes ces adaptations ne répondent plus aux besoins actuels, ou plutôt constituent un obstacle. « Il faut alors avoir le courage de les démolir et de redonner au bâtiment la simplicité et la linéarité de ses origines, en vue d’un nouvel usage ». (cath.ch/imedia/mp)

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