L’approche de Noël et le temps des fêtes sont propices aux visites.
Nos vies entières sont elles-mêmes tissées de rencontres tour à tour attendues et heureuses, désagréables ou décevantes. Certaines d’entre elles peuvent même devenir de véritables visitations quand une vie est bouleversée, changée, suite à une rencontre, à une parole. On parle alors d’un avant et d’un après.
La visite de Marie à sa cousine Elisabeth s’inscrit elle aussi dans le temps: en ces jours-là… Quels sont ces jours? La source de départ en est l’Annonciation. Car sans Annonciation, pas de Visitation. Sans Esprit pas de mise en marche, pas de chemin vers l’autre. Mais ce flou temporel nous entraîne dans le temps du Seigneur, le temps de l’amour. Ces premiers mots nous placent dans la grande mouvance de l’histoire du salut, dans cette histoire d’amour inouï de Dieu pour les hommes, dans cette confiance infaillible que le Seigneur nous témoigne.
Marie se mit en route avec empressement vers la région montagneuse… L’annonce de toute naissance provoque toujours une course, une hâte, comme les récits de la résurrection d’ailleurs, car la vie est dynamisme et mouvement.
Nous l’imaginons cette jeune femme se hâtant vers Ein Kerem, bourgade située à l’ouest de Jérusalem. La ville sainte est à deux pas, mais c’est pour rencontrer sa cousine que Marie est en route. Or, elle porte en elle un secret vivant. Elle l’a reçu d’un ange. C’est son secret et celui de Dieu.
Mais quelles sont les pensées qui trottent dans sa tête tout au long du chemin? Va-t-elle dire quelque chose à Elisabeth? Et si oui, comment le dire, comment s’y prendre? Ou faut-il taire ce secret? Et quand Elisabeth la saura enceinte, hors mariage, va-t-elle la croire? La condamner? La rejeter ou l’accueillir?
«La mémoire des bienfaits est au cœur de la vie chrétienne, c’est le fondement de l’espérance.»
Marie n’aura pas à s’expliquer. A sa seule salutation l’enfant d’Elisabeth tressaille et celle-ci, remplie de l’Esprit Saint s’exprime d’une voix forte. Par ce détail un peu surprenant, l’évangéliste Luc la présente comme une prophétesse, une porte-parole de Dieu. L’Esprit qui couvre Marie, ici emplit Elisabeth en lui offrant cette compréhension, la possibilité d’interpréter les événements en découvrant le divin dans son existence et la trace de Dieu dans le monde. Elisabeth discerne en Celui qui n’est qu’en germe, le Sauveur, grâce à la joie que son enfant lui communique. Et elle loue la foi de la petite Marie: tu es bénie entre toutes les femmes.
Jusque-là, Elisabeth avait accueilli sa propre grossesse comme un miracle de la vie.
Mais elle reconnaît que celle de Marie est d’un autre ordre. Elle est rupture, elle ouvre une voie à la nouveauté et permettra à Marie de chanter le Magnificat. Oui, heureuse celle qui a cru!
Mais la joie de Marie est aussi la nôtre.
C’est la joie de chaque chrétien qui sait rendre grâce pour tous les bienfaits reçus du Seigneur. Dieu se souvient de nous. Il a un projet pour chacun de nous et pour son peuple. Dans nos moments de doute, d’abattement, quand l’avenir semble bouché, nous sommes invités à revenir en arrière, à nous souvenir de la fidélité de Dieu. La mémoire des bienfaits est au cœur de la vie chrétienne, c’est le fondement de l’espérance. Affermis par la mémoire des dons reçus nous pourrons, comme Marie, nous mettre en route et nous réjouir de la naissance de l’Emmanuel. A nous de le porter spirituellement, pour qu’il soit présent au monde aujourd’hui!
Sœur Véronique | Vendredi 17 décembre 2021
Lc 1, 39-45
En ces jours-là,
Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l’enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
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