Le 1er janvier dernier, l’année du pontife avait mal commencé : une douloureuse sciatique l’avait en effet obligé à annuler plusieurs célébrations liturgiques et à repousser le traditionnel discours au corps diplomatique. Un mal qui l’avait déjà atteint à plusieurs reprises ces dernières années et qui va de paire avec une claudication évidente à chaque fois qu’il marche.
Un début année délicat dont le pontife semble s’être remis. Le 14 janvier, il recevait sa première dose de vaccin. Une annonce précédée d’un véritable plaidoyer en faveur de la vaccination: «Je crois que, d’un point de vue éthique, tout le monde devrait prendre le vaccin», annonçait-il à la télévision italienne. Le 3 février, il recevait sa seconde dose.
Le pape François allait cependant montrer des signes de fatigue après son éprouvant voyage du 5 au 8 octobre en Irak. «Je vous confie que dans ce voyage je me suis fatigué beaucoup plus qu’au cours des autres», déclarait-il aux journalistes lors du vol de retour vers Rome.
La question de la santé du pape est revenue au début de l’été. Le dimanche 4 juillet, quelques heures après la traditionnelle prière de l’Angélus prononcée comme habituellement depuis la fenêtre du Palais apostolique, le Saint-Siège annonçait l’hospitalisation du pontife à la polyclinique Gemelli.
Le pape François, apprenait-on, était opéré d’une «sténose diverticulaire symptomatique du côlon», une opération fréquente pour une personne de son âge mais qui peut s’avérer délicate d’un point de vue chirurgical.
L’opération, première de cette ampleur pour le pontife, avait été planifiée en avance par le Saint-Siège. Elle suscitait alors des inquiétudes sur l’état de santé du chef de l’Église catholique. Et ce d’autant plus que la polyclinique Gemelli reste fortement associée à l’agonie très médiatisée de Jean Paul II en 2005 – même si ce dernier n’y est pas mort.
François devait rester dix jours dans l’hôpital romain – plus que les premières estimations – récitant l’Angélus depuis le balcon de l’établissement le 11 juillet. Pendant ces dix jours, les bulletins de santé ont été scrutés avec attention par toute la presse internationale. Une atmosphère d’incertitude qui va générer de nombreuses rumeurs sur le déclin de la santé de François.
La fin de l’hospitalisation du pape, qui disparaît alors de la scène médiatique pendant plusieurs semaines, à la faveur des vacances, ne va pas cependant tempérer les interrogations. Pendant l’été, plusieurs vaticanistes vont même lancer un débat sur la nécessité de réformer les règles du conclave. Dans un livre paru à la rentrée, un vaticaniste italien, Francesco Antonio Grana, annonçait même que l’Église était désormais en «période de pré-conclave».
«Chaque fois qu’un pape est malade, il y a toujours une brise ou un ouragan de conclave», relativisait pourtant le pape François dans son premier entretien post-opératoire avec la radio espagnole COPE, le 30 août 2021. Le pontife y reconnaissait néanmoins l’ampleur de l’opération subie deux mois auparavant.
Il déclarait alors pouvoir manger de tout, mais que cela n’avait pas été possible pendant un certain temps. Et était encore sous médicaments post-opératoires, «parce que le cerveau doit enregistrer qu’il a 33 centimètres d’intestin en moins», soulignait-t-il, révélant l’ampleur réelle de l’opération subie. Mais concluait, se voulant rassurant : «à part ça, j’ai une vie normale, je mène une vie tout à fait normale».
Une version qu’est venu confirmer, peu de temps après, le docteur argentin et ami du pape Nelson Castro. Auteur d’un livre sur la santé des papes, dont il était venu présenter la traduction italienne à Rome en octobre, il a confié avoir rencontré récemment le pontife et livré son impression: «c’est un homme avec une santé de fer ».
Son ouvrage expliquait que le pape était particulièrement conscient des problématiques liées à sa santé. Il lui avait notamment raconté ses graves opérations subies dans sa jeunesse qui avaient abouti à la dilatation de son poumon droit. Il témoignait aussi avoir eu recours à un psychiatre pour l’aider à gérer ses peurs.
Le docteur argentin avait en outre annoncé que la sciatique du pontife avait été traitée pendant l’année. Le pape, estimait-il encore, était parfaitement en mesure de voyager. Une information importante: en 2012, Benoît XVI avait officiellement décidé de renoncer quand son médecin lui avait proscrit tout voyage en avion long, par exemple une traversée transatlantique, pour des questions de santé.
Les deux voyages du pape François en automne (Hongrie-Slovaquie puis Chypre-Grèce), ainsi que la longue liste des déplacements prévus en 2022 – notamment lointains: Congo, Timor oriental… – semblent plutôt indiquer que le pontificat de François revient aujourd’hui «à la normale».
Une normalité toute relative cependant. À 85 ans, le pape François est d’ores et déjà le douzième pape le plus âgé de l’histoire. En 2021, il a dépassé l’âge qu’avait son prédécesseur Jean Paul II à sa mort et atteint celui de Benoît XVI lors de sa renonciation.
À noter que le 11 janvier dernier, le 266e pape a perdu son docteur personnel, Fabrizio Soccorsi, décédé d’un cancer. Il a été remplacé en février, par Roberto Bernabei.
Dans son livre entretien avec Nelson Castro, paru en février 2021 en Argentine, le pape avait expliqué penser mourir à Rome et pas dans son pays. Et avait affirmé ne pas du tout avoir peur de la mort désormais. (cath.ch/imedia/cd/mp)
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