Depuis novembre 2020, des affrontements opposent les soldats gouvernementaux éthiopiens aux rebelles du TPLF (Front de libération du peuple tigréen), qui luttent pour l’indépendance du Tigré, province située au nord du pays. En juillet 2021, la Conférence des évêques catholiques d’Ethiopie (CBCE) avait exhorté les deux parties au cessez-le-feu.
Le TDIRC a rencontré début décembre à Nairobi, au Kenya, des coordinateurs des commissions Justice et Paix des pays de l’Association des membres des conférences épiscopales de l’Afrique de l’Est (AMECEA) pour un atelier sur la paix. Le groupe de la diaspora a déclaré à cette occasion qu’une éventuelle déclaration du pape François serait entendue, et permettrait «d’avoir des interventions d’autres milieux qui mettront en avant, l’humanité et le caractère sacré de la vie humaine pour sauver le peuple tigréen». Car, selon le TDIRC, ce peuple «endure des atrocités inimaginables de l’armée éthiopienne et de ses partenaires de guerre» (voire encadré).
Les membres du TDRIC ont également sollicité le pape à poursuivre la prière pour la paix dans leur pays et pour «les Tigréens persécutés». Ils lui ont demandé d’exiger des dirigeants éthiopiens et de leurs alliés la fin des hostilités, ainsi que du «nettoyage ethnique, du harcèlement, de la discrimination, de la détention de masse dans toutes les régions (…)». Le groupe interreligieux a aussi reproché à la communauté internationale d’avoir abandonné le Tigré.
Le pape François s’est inquiété de la situation au Tigré lors de l’Angélus du 7 novembre 2021. Il a renouvelé son appel «pour que prévalent la concorde fraternelle et la voie pacifique du dialogue» en Éthiopie.
Le Tigré: un conflit de pouvoir destructeur
Le conflit du Tigré, qui a démarré en novembre 2020, s’apparente à une lutte ethno-politique. Les Tigréens représentent ethniquement de 6 à 7% de la population éthiopienne. En dépit de leur aspect minoritaire, ils ont dirigé le gouvernement fédéral pendant des années, sous l’égide du Front de libération du peuple tigréen (TPLF).
Abiy Ahmed, devenu président en 2018 les a cependant écartés du pouvoir. Le TPLF s’est ainsi regroupé dans son bastion du Tigré, où il a entrepris des actions visant à obtenir l’indépendance de la province. Le président Ahmed a lancé des opérations militaires pour reprendre la main dans la région. Il s’est pour cela enjoint l’appui de milices des groupes ethniques majoritaires Amhara et Oromo, ainsi que des forces érythréennes, anciennement ennemies de l’Ethiopie.
Exactions dans les deux camps
Malgré la difficulté d’avoir des informations fiables sur la situation, l’ONU a délivré le 3 novembre 2021 un rapport sur le conflit, rapporte le journal Le Temps. Le document estime que des exactions ont été commises par tous les belligérants. Ils concernent des bombardements indiscriminés, des viols collectifs, des tortures, des attaques contre des réfugiés et des déplacements forcés. Le rapport confirme également des massacres de civils, commis par les deux belligérants.
Crise humanitaire
Néanmoins, la haut-commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a précisé que «la majorité des violations documentées de novembre 2020 à juin 2021 semblent avoir été commises par les forces éthiopiennes et érythréennes.» Même si, depuis lors, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme reçoit de plus en plus d’informations d’atrocités perpétrées par les rebelles tigréens, alors que la brutalité de l’autre camp contre les civils continue.
La mission de l’ONU n’a pas non plus confirmé les allégations selon lesquelles l’Ethiopie utilise sciemment l’arme de la faim contre le Tigré. Mais Michelle Bachelet a rappelé que 7 millions de personnes avaient besoin d’une aide alimentaire dans le nord de l’Ethiopie, dont 5 millions au Tigré, et que 400’000 personnes y étaient en situation de famine. RZ
Ibrahima Cisse
Portail catholique suisse
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