Cette question nous habite si souvent au moment de nous mettre en route. Parfois elle nous dynamise et nous motive, parfois elle nous angoisse; à chaque fois elle est le signe que nous sommes des êtres d’action mais aussi que l’action n’a guère de sens sans une conviction qui l’anime. Si on se la pose c’est aussi parce nous voulons bien faire. C’est bon signe que nous cherchions le bien car c’est à cela que nous sommes orientés et destinés!
Par trois fois cette question est posée dans l’évangile de la troisième étape de notre attente: les foules, puis les publicains, puis même les soldats ont besoin d’être guidés vers ce qui est bon. Elle est adressée à Jean-Baptiste qui a posé un geste étonnant: en plongeant dans l’eau ceux qui le lui demandaient, il leur fait expérimenter le désir vital. Sous l’eau, notre besoin instinctif est de sortir la tête pour prendre de l’air. Le souffle qui remplit à nouveau nos poumons donne rythme à notre respiration. Ainsi nous sommes des vivants capables de mouvement et d’action. Mais quelle action? C’est la question du jour… Et la réponse: «soyez des vivants!» Oui, mais comment?
En partageant, en ne faisant du mal à personne et se contentant de ce qu’on a, nous dit Jean-Baptiste. Il trace là les traits d’une vie qui n’est pas fermée sur elle-même, qui prend soin du bien commun et qui sait reconnaître ce qu’elle reçoit. Car la vie se reçoit d’un autre qui en est la source, elle se donne pour le bien de tous et elle se réjouit de ce qu’elle est.
«Dieu nous offre sa compassion et par le don de sa vie il nous relève comme au matin de Pâques.»
Oui, c’est à la joie que nous appelle Sophonie dans l’admirable cri d’espérance qui résonne en première lecture, la joie de la présence du Seigneur en nous. La Bonne Nouvelle annoncée par Jean-Baptiste répond à l’attente du peuple de la première alliance. Elle est la joie d’une promesse tenue par Dieu qui se fait proche comme nous: «la paix de Dieu, nous dit saint Paul, dépasse tout ce que l’on peut concevoir car elle garde nos cœurs dans le Christ Jésus». La joie de l’évangile, chère au pape François, est un bien inestimable dans nos vies aimées par Dieu qui vient à nous.
Alors nous comprenons que la réponse à notre souci de savoir quoi faire n’est pas une tâche à accomplir laborieusement, mais la joie de laisser grandir en nous ce que produit l’amour de Dieu. C’est accueillir l’Esprit de notre baptême qui met le feu à nos vies et qui nous encourage au partage, au bien et à la gratitude. Ce feu, nous dit Jean-Baptiste, c’est aussi celui qui purifie ce qui nous encombre et nous retient. Cela aussi est une bonne nouvelle.
Car le monde que Dieu vient habiter nous fait vivre, mais il nous fait aussi souci et parfois peur. Nous sommes témoins de ce que provoquent les convoitises et les rivalités humaines. Par son Fils, Dieu n’hésite pas à les affronter pour les transformer; il nous offre sa compassion et par le don de sa vie il nous relève comme au matin de Pâques. Que faire d’autre que d’accueillir humblement celui qui nous guide pour traverser l’existence en lui donnant le souffle nouveau de son amour inconditionnel?
Philippe Matthey | Vendredi 10 décembre 2021
Lc 3, 10-18
En ce temps-là,
les foules qui venaient se faire baptiser par Jean
lui demandaient :
« Que devons-nous faire ? »
Jean leur répondait :
« Celui qui a deux vêtements,
qu’il partage avec celui qui n’en a pas ;
et celui qui a de quoi manger,
qu’il fasse de même ! »
Des publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts)
vinrent aussi pour être baptisés ;
ils lui dirent :
« Maître, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit :
« N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »
Des soldats lui demandèrent à leur tour :
« Et nous, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit :
« Ne faites violence à personne,
n’accusez personne à tort ;
et contentez-vous de votre solde. »
Or le peuple était en attente,
et tous se demandaient en eux-mêmes
si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous :
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi.
Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient à la main la pelle à vanner
pour nettoyer son aire à battre le blé,
et il amassera le grain dans son grenier ;
quant à la paille,
il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Par beaucoup d’autres exhortations encore,
il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
Portail catholique suisse