Elles cultivent le jardin, fabriquent la pâte à biscuits, plient le linge, prient… Dès le matin au Carmel ouvre une fenêtre émouvante et rare sur la vie quotidienne des carmélites du Pâquier. Si la règle des lieux est le silence et la clôture, le livre témoigne du fait que cela n’exclut ni la joie ni la présence au monde.
Les teintes d’un doux vert qui dominent dans l’ouvrage, détonnent, en cette matinée du 6 décembre, avec les paysages blancs de neige des Préalpes où est niché le couvent. C’est dans son enceinte que les religieuses ont invité les journalistes, et quelques personnalités en lien avec la démarche, pour la présentation du nouveau livre de photographies.
Isabelle Chassot, ouvre la conférence de presse, en sa qualité de présidente de l’Association des amis du Carmel, qui soutient la communauté depuis 2007. La nouvelle conseillère aux Etats fribourgeoise salue un résultat qui «confirme le choix» de la photographe Mélanie Rouiller et de l’écrivain et journaliste Jean-Dominique Humbert, pour la réalisation du projet.
Avec ces deux auteurs locaux, Isabelle Chassot relève que la démarche a été «entièrement fribourgeoise». Toutes ses «chevilles ouvrières» sont en effet issues du canton. L’éditeur «Faim de siècle» est basé à Bulle, et une entreprise de Schmitten, en Singine, s’est occupée de la reliure. Une dimension locale était dès le début un choix, souligne la politicienne.
Une approche de proximité également de mise pour la photographie, note Mélanie Rouiller. En se rendant sur place quelques fois par mois pendant un an, elle a réalisé un «travail de la rencontre». Un «apprivoisement réciproque» qui ne peut réussir «que dans l’honnêteté».
Car la photographie, ce n’est pas simplement produire de belles images. Outre la sérénité et la joie ressenties en ces lieux, elle s’est efforcée de transcrire «un autre rythme», loin de la précipitation du monde actuel.
L’impression de silence et de simplicité qui se dégage de l’ouvrage est aussi rendue par la mise en page, qui met en valeur les espaces blancs. «Pour que le lecteur puisse y écrire sa propre histoire», ajoute la graphiste Valentine Pugin.
L’aspect méditatif est renforcé par les textes de Jean-Dominique Humbert qui parsèment le livre. L’alternance des poèmes et des extraits de psaumes reflète les principaux moments des journées des religieuses, explique l’écrivain.
Sœur Véronique se réjouit que l’auteur, enfant de la Gruyère, ait donné un «accent familial», à l’ouvrage.
Sœur Anne-Elisabeth, la prieure, souligne à quelle point le travail commun pour le projet a été chaleureux et constructif. Elle salue en particulier la délicatesse et la discrétion dont a faire preuve Mélanie Rouiller.
Pour les religieuses, le livre était une sorte de «cadeau d’anniversaire». Il marque en effet les 85 ans de la fondation du Carmel, ainsi que les 100 ans de l’installation des carmélites dans le canton de Fribourg. Pour les religieuses, il s’agit principalement de «laisser une trace». Face à des archives parfois lacunaires, le projet sert de «témoignage de la communauté» pour celles qui continueront à faire grandir la spiritualité au cœur des Préalpes. (cath.ch/rz)
Dès le matin au Carmel a été tiré à 1’500 exemplaires. Le coût total de l’opération a été d’environ 40’000 francs, assuré en partie par des mécènes et l’Association des amis du Carmel du Pâquier. RZ
Raphaël Zbinden
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