C’était la dernière prise de parole officielle du pape François sur le sol grec avant que le 266e pape achève son 35e voyage apostolique à l’étranger. Avant de rejoindre l’aéroport d’Athènes, il s’est rendu à l’école Saint-Denys des sœurs ursulines de Maroussi, dans la banlieue de la capitale grecque, pour un temps d’échange avec plus de deux cent jeunes catholiques – dont près de la moitié étaient des fils et filles d’immigrés philippins, ukrainiens, polonais ou encore croates.
Après avoir écouté quelques témoignages, le pape, dans son discours, a pris le temps de répondre aux interrogations des jeunes venus de tous les diocèses du pays. À l’une qui lui avait confié ses «doutes récurrents dans la foi», l’ancien professeur de théologie l’a assurée qu’ils étaient des «vitamines de la foi» car «ils contribuent à l’affermir, à la rendre plus forte, c’est-à-dire plus consciente, plus libre, plus mature».
Mais lorsque le doute devient étouffant, «que faut-il faire?», s’est tout de même demandé le pape François, confiant par la suite vouloir répondre à cette question en se mettant à l’école de la philosophie grecque.
«Tout a commencé par une étincelle, une découverte, formulée par un mot magnifique: thaumàzein. C’est l’émerveillement, l’étonnement», a enseigné le pape. Cet émerveillement n’est pas seulement le début de la philosophie; «il est aussi le début de notre foi», a-t-il insisté. Car le cœur de la foi n’est pas une idée ni une morale mais une très belle réalité qui doit «nous laisse[r] sans voix: nous sommes les enfants bien-aimés de Dieu!».
Or, l’homme a tendance à oublier cette réalité. «Vous souvenez-vous des célèbres mots gravés sur le fronton du temple de Delphes?», a alors lancé le pape. «Connais-toi toi-même», a-t-il cité, arguant que cette formule était plus que d’actualité pour comprendre que la valeur d’un jeune ne dépend pas «de la marque du vêtement ou des chaussures» qu’il porte mais du fait qu’il est unique, et que Dieu ne se fatigue jamais de l’aimer.
C’est à ce moment que le pape François a parlé du mythe des chants des sirènes qui attiraient les marins pour qu’ils fassent naufrage dans les rochers. «En réalité, les sirènes d’aujourd’hui veulent vous attirer avec des messages insistants et séduisants, axés sur l’argent facile, les faux besoins du consumérisme, le culte du bien-être physique, l’amusement à tout prix», a déploré le pape argentin.
Rappelant qu’Ulysse, pour échapper à ces chants, s’était fait attacher au mât de son bateau, il a fait appel à un autre personnage, Orphée, qui «enseigne une meilleure voie»: «il entonne une mélodie plus belle que celle des sirènes et ainsi les fait taire».
Tel est l’effet que doit produire la joie de l’Évangile: «l’émerveillement de Jésus fait passer au second plan les renoncements et les fatigues».
Multipliant les allusions à la culture hellène, l’ancien supérieur des Jésuites d’Argentine a encore fait un rapprochement entre les Jeux olympiques ou le Marathon – nés en Grèce – et la «gymnastique de l’âme». «En plus de l’esprit de compétition qui est bon pour le corps, il y a aussi ce qui est bon pour l’âme», a-t-il souligné.
Tel un coach sportif, le pontife a alors déroulé son programme: «s’entraîner à l’ouverture, parcourir de longues distances seul afin de raccourcir les distances avec les autres; jeter son cœur par-dessus les obstacles; soulever les fardeaux des autres…».
Et de promettre à ces jeunes: «Vous entraîner dans ce domaine vous rendra heureux, vous conservera jeunes et vous fera ressentir combien la vie est une aventure !» (cath.ch/i.media/ak/hl/cmc)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/ulysse-orphee-les-mythes-pour-parler-de-dieu-aux-jeunes-grecs/