«Je suis tombé amoureux de Delphine et du Christ à la messe de minuit»

Un coup de foudre et une conversion religieuse, ça peut présenter des similitudes. Les deux sont tombés sur Olivier au même instant. Il était une fois, à Savièse, en Valais, par une froide nuit de Noël…

Christine Mo Costabella

Olivier sortait de table. Un beau réveillon de Noël en famille. A 31 ans, cela fait longtemps qu’il n’est plus vraiment croyant, mais ce soir du 24 décembre 2012, il se dirige quand même vers l’église de Savièse. Par habitude. Pour revoir aussi ses copains scouts, qui distribuent traditionnellement le vin chaud à la sortie de la messe.

«On s’était donné rendez-vous sur le parvis à minuit moins dix. On se réjouissait surtout du vin chaud, et on n’était pas pressés de rentrer», se souvient-il. A ce moment-là arrive Delphine. «Je la connaissais, j’avais été son chef scout plus de dix ans auparavant. Pour moi, c’était l’originale en dreadlocks qui parlait aux arbres. Mais quand elle m’a fait la bise, il s’est passé quelque chose. Je voyais la scène au ralenti. Elle m’a souri, s’est penchée vers mon oreille et a susurré: ›Salut.’ Ça m’a emporté.»

Delphine, elle, n’a aucun souvenir du ralenti ni d’avoir susurré quoique ce soit. Elle se dit juste: «Tiens, je ne me souvenais pas que ce type était si souriant». Puis elle entre dans l’église avec son père et sa sœur. Pour Olivier, c’est comme si un ange l’invitait à le suivre.

Un cœur fissuré

Un peu sonné, le jeune homme s’assied. Il aperçoit la chevelure blonde de Delphine une dizaine de bancs devant lui. La messe commence, l’encens s’élève, les chants de Noël emplissent l’église et une chaleur se répand dans son cœur. «Les paroles du curé sur le Christ qui vient partager notre humanité, cette lumière dans la nuit… Tout résonnait en moi», raconte Olivier.

Une messe de minuit enchantée dans l’église de Savièse | © Bernard Litzler

Un instant plus tôt, il se sentait le cœur sec, incapable d’aimer, lui qui enchaînait les échecs amoureux. «Le ›choc Delphine’ a fracturé mon cœur de pierre. Ça a ouvert une faille pour Dieu, dit-il. La fragilité de cet amour proposé, non imposé, d’un bébé dans une mangeoire… Soudain, ce n’étaient plus des mièvreries, tout prenait sens.»

La messe se termine en apothéose, mais l’ancien chef scout n’oublie pas les priorités. Il ne partira pas de là sans avoir échangé une parole avec Delphine. Après quelques verres, les paroissiens se font plus clairsemés sur le parvis, mais l’ange aux cheveux blonds est toujours là. «J’ai fini par planter un copain sur place en lui disant: ›J’ai quelque chose à faire’. Je me suis approché de Delphine pour lui offrir un vin chaud… Je n’ai pas mis un genou à terre, on a juste parlé de banalités. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’elle me disait… Mais en repartant vers 3h du matin, je me suis promis de tout faire pour la revoir.»

Du souci pour sa sœur

Le lendemain, Olivier s’empresse de parler de Delphine à sa sœur. Les deux jeunes femmes se connaissent… des JMJ. «Il faut savoir que ma petite sœur me tannait depuis des années avec son Jésus, raconte le Valaisan. Je lui répondais toujours que je n’avais pas besoin de ça. Je me faisais plutôt du souci pour elle!»  

Mais l’éventualité que Delphine soit une catholique convaincue l’interpelle. Peu de temps auparavant, un éditorial du rédacteur en chef de l’Echo Magazine, Patrice Favre, l’avait profondément marqué. Il y était question de Dieu qui, seul, peut sauver l’homme et ses amours. «Moi qui avais vécu tant de déceptions amoureuses… C’est comme si, depuis quelque temps, la foi catholique frappait à ma porte. Et je réalisais que ça ne concernait pas que des hurluberlus.»

Le 25 décembre, le jeune homme écrit à Delphine sur Facebook pour savoir ce qu’elle fait à Nouvel An. Pas de réponse. «Au début je comptais les minutes, puis les heures, puis les jours…» Déception. Le cœur toute chose, Olivier s’en va skier quelques jours au Tessin avec des amis. «Sur la route, je me suis arrêté à la basilique Notre-Dame de Re, au Piémont. C’était la première fois que j’entrais dans une église en y étant attiré, et pas simplement pour contempler des vieilles pierres.»

«Est-ce que j’allais devoir porter des sandales?»

Faut-il s’assoir, se mettre à genou? Au moins, ici, personne ne le reconnaîtra. Delphine n’a pas répondu à son message, mais la lumière divine entraperçue à la messe de minuit lui fait toujours signe. «Je me sentait bien, j’ai essayé de prier. Est-ce que j’étais en train de devenir catholique? Est-ce que j’allais devoir porter des sandales? Était-il encore possible de faire marche-arrière?»

En revenant du Tessin, Olivier a l’impression d’être devenu croyant. «J’ai dit à ma sœur: il faut qu’on parle. Elle était enchantée! Mais j’avais tellement de questions sur la foi qu’elle m’a tendu un prospectus du Foyer de charité de la Flatière en me disant: ›Vas faire une retraite là-bas, tu trouveras des réponses’.»

Le Foyer de charité de La Flatière, en Haute-Savoie, où Olivier est allé faire sa retraite fondamentale. | © Foyers de charité

La retraite fondamentale n’a pas lieu avant Pâques. Mais Olivier se met en route de son côté: il va à la messe à la cathédrale de Fribourg, où il vit, lit le livre de Jeff Roux: Jésus, mon ami, mes emmerdes, que sa sœur lui a donné, assiste à une conférence du journaliste catholique Jean-Pierre Denis, qu’il trouve merveilleuse de cohérence…

La belle était fumeuse

Arrive la fameuse retraite de la Semaine Sainte. Le jeune converti prie pour que Dieu lui donne un coup de pouce avec Delphine, si telle est sa volonté. Après Nouvel An, elle ne lui avait répondu que quelques mots insignifiants. Ils s’étaient brièvement revus à Carnaval en fin de soirée; ils n’étaient plus très frais et elle fumait, ce qui ne détonnait avec l’image qu’Olivier se faisait de la femme idéale. Pourtant, à Pâques, Delphine est toujours dans son cœur.

Dernier essai, dernière bouée: «Salut Delphine, tu as passé une belle Semaine Sainte?» La conversation s’engage. Comment, il rentre de la Flatière? Son père à elle connaît bien cet endroit! Elle a d’ailleurs toujours rêvé d’y aller… Cette preuve de vie intérieure éveille instantanément l’intérêt de la jeune femme. Les voilà qui s’écrivent, jour et nuit, même pendant le travail…

«On a fini par s’écrire des lettres pour calmer le rythme», ses souvient Olivier. En juin, il se rend à nouveau au Tessin pour voir sa belle, qui termine ses études de l’autre côté des Alpes. Trois ans plus tard, en avril 2016, Delphine et Olivier se disent oui dans cette église de Savièse où tout a commencé, un soir de Noël. (cath.ch/cmc)

Christine Mo Costabella

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