Non loin du quartier pittoresque et touristique de Plaka, qui se déploie au pied du majestueux Acropole, l’Ordinariat arménien catholique de Grèce offre une atmosphère familiale et chaleureuse à ses visiteurs. L’accueil, ici, n’est pas un vain mot, mais fait partie de l’ADN de cette maison. Elle a été fondée en 1921 pour être le refuge des Arméniens de Turquie ayant fui le génocide.
L’immigration arménienne s’étant tarie au fil des ans, l’Ordinariat a ralenti ses activités liées à l’accueil des réfugiés pour se concentrer sur sa vie paroissiale. En 2015-2016, avec l’afflux de personnes migrantes venant essentiellement du Moyen-Orient via la Turquie l’ordinariat a renoué avec sa vocation première. Son responsable, Mgr Joseph Bezezian, raconte avoir reçu un jour l’appel d’une ancienne paroissienne à Alep. Elle lui a raconté que son fils avait fui la Syrie et se trouvait en Grèce, seul et démuni. Le prêtre lui a proposé l’hospitalité. Un autre jeune s’est présenté une semaine plus tard, puis un autre encore. C’est ainsi que le petit centre héberge jusqu’à une quarantaine de personnes, toutes chrétiennes, malgré des moyens limités.
La plupart viennent de Syrie, à l’instar d’Elias et de Kegham, 22 ans chacun. Le premier est originaire de Hama, arrivé à Athènes depuis deux ans après une odyssée de cinq mois; le second vient d’Idleb, après être passé par le Liban, et la Turquie, d’où il s’est embarqué à bord d’un canot pneumatique surchargé pour traverser la mer Égée. Il se trouve à Athènes depuis deux semaines.
Leur histoire est celle de nombreux jeunes Syriens de leur âge. Depuis 11 ans, Elias et Kegham ne connaissent que le bruit des bombes, la destruction et les privations. Leurs familles sont restées au pays, eux se sont exilés pour fuir l’obligation du service militaire. Kegham pointe de son côté une pression de moins en moins tenable à Idleb: «Il y a du racisme envers les chrétiens. Comme minorité, nous n’avons pas les mêmes droits…». Le départ s’est imposé comme une douloureuse évidence. Leur sourire timide se teinte de tristesse lorsque les jeunes gens évoquent leur pays et surtout leurs familles. «Nos parents, nos amis… Ce sont eux qui nous manquent le plus, même si on s’adapte à tout», avoue simplement Kegham.
Les deux Syriens, avec une dizaine d’autres, sont suivis par une équipe de quatre personnes, dont Mgr Bezezian; l’Ordinariat peut également compter sur un avocat qui assure une assistance légale ainsi que sur deux autres volontaires chargés de l’aide médicale. Pour faciliter leur intégration, des cours de grec et d’anglais leur sont proposés. Car certains pensent rester en Grèce, en dépit d’un contexte économique difficiele. Elias, par exemple, suit actuellement une formation culinaire en prévision de l’ouverture d’une boulangerie par l’Ordinariat. Kegham aimerait plutôt aller en Allemagne et y travailler, puis faire venir sa famille.
Les deux Syriens participeront à la rencontre du pape avec les jeunes lundi 6 décembre au matin; plutôt réservés, ils ne savent trop expliquer ce qu’ils en attendent. Une chose est sûre: la venue de l’évêque de Rome – qu’ils n’ont jamais vu qu’en photo – et ses paroles fortes sur les migrants les touchent au premier chef. «Notre réalité est mise en lumière», lâche Elias; «je ne me sens plus seul, quelqu’un fait attention à moi, parle de moi», confie pour sa part le jeune Kegham. (vaticanews/Manuella Affejee/cmc)
Rédaction
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