Cette habitude, a déploré le 266e pape en sortant très largement du discours qu’il avait prévu de prononcer, est «une maladie très grave» contre laquelle «il n’y a pas d’antibiotique». «La migration forcée n’est pas une pratique «quasi-touristique»», a-t-il martelé, évoquant les femmes «vendues» et les hommes «torturés et enchaînés». «C’est le péché que nous avons à l’intérieur qui nous fait penser ainsi», a-t-il insisté.
Le pontife argentin a déploré que ces réalités fassent partie de «l’histoire de cette «civilisation développée» que nous appelons l’Occident». Il a aussi fustigé les «fils barbelés […] faits pour ne pas laisser entrer le réfugié», appelant Dieu à «réveiller la conscience de chacun d’entre nous».
En 2016, le pontife avait déjà évoqué les «lagers" pour parler des migrants en se rendant dans le camp de Moria sur l’île de Lesbos (Grèce). Le 24 octobre dernier, il avait encore employé ce terme lors d’un Angélus pour dénoncer les conditions de vie difficile des réfugiés.
Organisée dans la petite église catholique de la Sainte-Croix à Nicosie, la rencontre œcuménique avait débuté par un long échange avec de nombreux migrants chrétiens qui avaient raconté leurs parcours au pontife. Dans un premier temps, le pape François, après les avoir écoutés, s’était dit «ému» par leur témoignages puis leur avait répondu nommément.
«Dieu nous parle à travers vos rêves», leur a-t-il déclaré, comparant leurs témoignages à des «miroirs» qui invitent le monde «à ne pas se résigner» devant ses divisions ou bien celles de l’Église.
À Mariamie, une jeune femme congolaise, il a déclaré que, comme elle, Dieu rêvait d’un «monde de paix dans lequel ses enfants vivent comme des frères et sœurs». «Nous ne sommes pas des numéros, des individus à cataloguer», a-t-il ensuite affirmé à une jeune réfugiée venue du Sri-Lanka qui se plaignait d’être réduite sans cesse à son identité et son statut de migrant.
À Maccolins, un migrant du Cameroun qui se disait blessé par la haine, il a affirmé que ce «poison avait aussi pollué nos relations entre chrétiens». À Rozh, un Irakien qui lui avait déclaré être une «personne en voyage», il a souligné que chacun était, comme lui, en voyage «sur le chemin du conflit à la communion».
Le pontife a enfin décrit tous leurs rêves comme une invitation à promouvoir le «rêve de Dieu, celui d’une humanité sans murs de séparation, libérée de l’inimitié, avec non plus des étrangers mais seulement des concitoyens». Dieu, a-t-il encore improvisé, «ne parle pas à travers des personnes qui ne peuvent rêver de rien parce qu’ils ont tout ou parce que leur cœur s’est endurci».
Le pape François a enfin émis le souhait que Chypre, bien que «marquée par une douloureuse séparation, devienne un laboratoire de fraternité». Il a estimé que cela serait possible à deux conditions: la première étant la «reconnaissance effective de la dignité de toute personne humaine» et la seconde «étant l’ouverture confiante à Dieu, le Père de tous».
Cette «île est très généreuse mais elle ne peut pas tout faire», a ensuite reconnu le pontife. Il a dit comprendre les limites auxquelles les dirigeants chypriotes font face et remercié tous ceux qui malgré tout s’engagent pour les migrants. (cath.ch/imedia/ak/mp)
*Le terme lager – camp en allemand – est utilisé en italien pour désigner les camps de concentration de l’Allemagne nazie.
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-pape-compare-certains-camps-de-refugies-aux-camps-nazis/