Le 26 juin 2018, Emmanuel Macron se rend à Rome pour recevoir son titre de Chanoine d’honneur dans la basilique Saint-Jean-de-Latran. Juste avant, le Président de la République est reçu par le pape François pour un tête-à-tête d’une durée record de 57 minutes. Comme l’avait fait remarquer à l’époque le journal Le Monde , le chef de l’État français faisait mieux que Barack Obama (52 minutes), Recep Tayyip Erdogan (50 minutes), François Hollande (45 minutes), Nicolas Sarkozy (44 minutes) ou encore Donald Trump (29 minutes).
Durant l’audience – qui s’est conclue par une embrassade chaleureuse -, les deux hommes ont évoqué les thèmes de la laïcité, de l’environnement, des migrations ou encore du multilatéralisme.
Quelques heures plus tard, dans les jardins de l’ambassade de France près le Saint-Siège, Emmanuel Macron confie avoir été frappé par «l’humilité» du Souverain pontife, parlant d’un homme qui ne cherche «aucun rapport de force». Cela est «très rare dans la vie diplomatique contemporaine» où les dirigeants cherchent avant tout à convaincre leurs partenaires internationaux.
François Hollande se rend à deux reprises au Vatican lors de son mandat de Président de la République française (2012-2017). En janvier 2014, le pape François le reçoit officiellement pour un entretien de 35 minutes. Contrairement à son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, François Hollande fait le choix de ne pas passer au Latran pour recevoir son titre honorifique de Chanoine d’honneur.
Cette première rencontre avec le pape François intervient par ailleurs dans un contexte tendu entre le président et une partie des catholiques français qui lui reprochent d’avoir entrepris de réformer la législation sur plusieurs questions sociétales, du ›Mariage pour tous’ à l’avortement, en passant par la fin de vie.
En août 2016, trois semaines après l’assassinat de Père Jacques Hamel par deux djihadistes, le chef d’État français retourne à titre privé au Vatican pour revoir le pontife argentin. La rencontre est jugée par la presse plus fraternelle et moins crispée que celle de 2014. François Hollande remercie vivement le pape pour son soutien après les attentats survenus à Nice et à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Durant son quinquennat (2007-2012), Nicolas Sarkozy effectue deux visites officielles au Saint-Siège. Il rencontre Benoît XVI une première fois le 20 décembre 2007, l’année même de son élection. En français, les deux hommes évoquent la visite papale en France à venir en 2008, les conflits du Moyen-Orient ou encore la laïcité.
Après l’audience, Nicolas Sarkozy se rend à la basilique romaine de Saint-Jean-de-Latran pour y recevoir le titre de «premier et unique chanoine d’honneur». Dans son discours, le président français vante notamment les «racines chrétiennes» de la France et plaide pour une «laïcité positive».
Il revient au Vatican le 8 octobre 2010, deux ans après avoir accueilli Benoît XVI en France. Le 21 mars 2016, celui qui n’est plus président de la République est reçu en audience privée avec son épouse, Carla Bruni, par le pape François.
La seule visite de Jacques Chirac au Vatican date de 1996. Il s’agit de la première visite d’État depuis celle du général de Gaule en 1959. Après s’être rendu à la basilique du Latran pour prendre possession de sa stalle de «chanoine d’honneur» qui lui est réservée, le président français, accompagné de sa femme Bernadette, rencontre Jean Paul II. S’en suit un tête à tête de quarante minutes.
Si cette rencontre est surtout l’occasion de mettre en avant les convergences entre le Saint-Siège et la France, Jean Paul II profite de l’audience pour critiquer une certaine remise en cause du «droit à la vie des personnes» en France.
Jacques Chirac rencontrera par la suite en France le pontife polonais à plusieurs reprises: en 1996 pour les 1500 ans du baptême de Clovis à Reims, en 1997 pour les Journées mondiales de la jeunesse à Paris puis en 2004 à Tarbes, lors du dernier voyage à l’étranger de Jean Paul II, de passage dans le sanctuaire de Lourdes.
Le président socialiste détient encore un record: celui de la plus longue audience entre un chef d’État français et un pape. Lors de sa seule audience privée au Vatican, en 1982, lui et Jean Paul II s’entretiennent durant plus d’une heure et quart. Ils évoquent notamment la question de l’enseignement libre. «L’Église et la France ont un certain nombre de points en commun, et même beaucoup», confie François Mitterrand au sortir de l’audience.
Le président recevra Jean Paul II à Tarbes l’année suivante à l’occasion d’un pèlerinage à Lourdes, puis le retrouvera en 1986 lors d’un déplacement à Lyon, et enfin en 1988 lors d’un passage en Alsace.
Valéry Giscard d’Estaing se rend à trois reprises au Vatican en tant que président de la République. Un record. La première visite de «VGE», le 3 décembre 1975, intervient à un moment particulièrement délicat. Avec la loi Veil, le président vient de légaliser l’avortement en France.
Au terme d’une audience de 45 minutes avec le pape Paul VI, les deux parties communiquent sur la cordialité de la rencontre et les convergences mutuelles. Le Monde apprendra cependant que le pontife italien a bien exprimé son «amertume» sur la question de l’avortement au président – catholique pratiquant – pendant leur face à face.
Une seconde visite intervient le 26 octobre 1978, avec un nouveau pape, Jean Paul II, élu quelques semaines auparavant. Valéry Giscard d’Estaing est reçu pendant 45 minutes par le jeune pontife. Les deux hommes discutent notamment de la situation au Liban mais n’abordent pas la question de la loi Veil. Le président profite de ce deuxième passage à Rome pour prendre possession de son titre de chanoine d’honneur de la basilique Saint-Jean-de-Latran.
Deux ans plus tard, le président recevra officiellement Jean Paul II à Paris l’occasion de la première visite du pontife en France. C’est lors de ce voyage que le pontife prononce la célèbre question: «France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême?»
Une dernière rencontre officielle survient en janvier 1981, quelques mois avant la défaite de VGE aux élections présidentielles. Il évoque à cette occasion l’actualité en Pologne, où le syndicat Solidarnosc prend de l’ampleur et menace le régime communiste.
Il reviendra au Vatican des années plus tard, d’abord en tant que président de la convention sur l’avenir de l’Europe, en 2002, puis pour des audiences privées, en 2012 avec Benoît XVI et en 2014 avec le pape François.
George Pompidou, président de la République de 1969 à 1974, est le seul président de la Ve République à ne pas avoir fait le voyage au Vatican.
Charles de Gaulle se rend à deux reprises au Vatican en tant que président de la Ve République. À noter que quinze ans auparavant, en juin 1944, il avait déjà rencontré Pie XII – qui l’avait beaucoup impressionné – en tant que chef du gouvernement provisoire de la République.
Le 27 juin 1959, il est reçu par son successeur, Jean XXIII, pour une visite d’État. Il s’agit du premier déplacement à l’étranger du président depuis le début de son mandat. Le général de Gaulle, accompagné de son épouse Yvonne et de son ministre des Affaires étrangères, le protestant Maurice Couve de Murville, met un point d’honneur à respecter l’étiquette, allant jusqu’à effectuer la génuflexion d’usage devant le «bon pape».
L’entretien dure vingt minutes et donne l’occasion aux deux parties de souligner leur parfaite entente, Charles de Gaulle formulant par exemple des vœux «pour la santé du très Saint Père et pour la prospérité et la gloire de notre Église catholique».
Le premier président de la Ve République prend ce jour-là solennellement possession du titre de chanoine d’honneur de Saint-Jean-de-Latran.
En mai 1967, le général est cette fois-ci reçu au Vatican par Paul VI. Ce dernier salue le dixième anniversaire du Traité de Rome et affirme le soutien du Saint-Siège au projet européen. Il encourage aussi le président à soutenir les anciennes colonies françaises dans leur développement. (cath.ch/imedia/cd/bh)
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