Une petite phrase qui glisse souvent toute seule, n’est-ce pas? Or, qui dit règne, dit roi. Alors, Jésus fils de Dieu serait roi? D’où la fête de ce dimanche: le Christ-Roi. Mais sommes-nous très à l’aise avec cette appellation? Pour dissiper cette gêne diffuse, il nous est bon de parcourir les évangiles.
En Matthieu, dès le chapitre 2, nous lisons la question des Mages: «Où est le roi des Juifs qui vient de naître?» Question qui soulève l’inquiétude d’Hérode et de tout Jérusalem avec lui.
Deux chapitre plus loin, en Mt 4.8 nous assistons à un face-à-face entre Jésus et le diable, le tentateur qui lui offre tous les royaumes du monde avec leur gloire. Si Jésus acceptait, le démon pourrait lui dire comme Pilate: alors, tu es roi?
Rappelons-nous aussi la multiplication des pains en Jean 6 où Jésus se rend compte que la foule, nourrie sans effort, dans son enthousiasme allait «s’emparer de lui pour le faire roi; alors il s’enfuit dans la montagne, seul.»
Et arrêtons-nous à la scène du jugement dernier en Mt 25, où le Christ siègera sur un trône de gloire. Il est Roi? Mais il se fait frère des plus petits: de ceux qui ont faim, soif, qui sont étrangers, malades ou en prison. Il s’identifie à eux. Par les évangiles, nous sommes mis devant un véritable retournement de la royauté.
Jésus ne veut pas d’une royauté qui domine et opprime qui que ce soit. «Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir». Il ne nous considère pas comme ses sujets, mais il nous invite à être ses disciples, c’est-à-dire à être attentifs à sa voix et à le suivre librement.
Devant Pilate il affirme: «Mon royaume n’est pas de ce monde». La seule couronne que Jésus acceptera sera tressée d’épines et sa façon à lui d’exercer la royauté est de se faire obéissant jusqu’à mourir sur une croix. Quel renversement!
«Jésus ne veut pas d’une royauté qui domine et opprime qui que ce soit. ‘Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir'».
Il devient roi au moment où il donne sa vie; exposé sur la croix, il attire à lui tous les hommes. Dans la mesure, bien sûr, où ils se laissent toucher par son témoignage.
C’est ici que commence notre rôle. Celui d’implorer son Esprit afin de devenir capable d’accorder notre vie à l’évangile. Alors, interrogeons-nous: qui règne en nous? Qui nous entraîne et nous guide? L’Esprit saint ou l’horoscope? Qu’en-est-il de ma liberté? Y a-t-il quelque chose à changer dans mon existence?
La seule façon dont la royauté du Christ peut apparaître et être accueillie dans l’univers, aujourd’hui, est entre nos mains. A nous de croire assez à cette responsabilité pour rendre présent, là où nous sommes, l’amour universel du Christ sans quoi il serait tout à fait illusoire et inopérant de persister à répéter jour après joue: que ton règne vienne, Seigneur!
Cette fête du Christ Roi projette sa lumière sur l’avenir de l’histoire de l’humanité et sur le présent de notre histoire personnelle. Les détresses du monde présent avec ses horreurs étalées à tous les regards ou secrètement cachées, n’auront qu’un temps.
Il vient le jour où le Christ Roi aura vaincu toutes les puissances du mal. Au cœur de l’humanité nous sommes appelés à lever notre regard vers le Christ Ressuscité, roi de l’univers pour témoigner de cette espérance auprès de ceux qui n’ont pas la lumière de la Parole de Dieu.
Sœur Véronique | Vendredi 19 novembre 2021
Jn 18, 33b-37
En ce temps-là,
Pilate appela Jésus et lui dit :
« Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda :
« Dis-tu cela de toi-même,
ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
Pilate répondit :
« Est-ce que je suis juif, moi ?
Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi :
qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara :
« Ma royauté n’est pas de ce monde ;
si ma royauté était de ce monde,
j’aurais des gardes
qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
Pilate lui dit :
« Alors, tu es roi ? »
Jésus répondit :
« C’est toi-même qui dis que je suis roi.
Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »
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