Le nouveau livret de L’Évangile à la maison a été porté par une équipe de pasteures protestantes et d’agents pastoraux catholiques de Suisse romande. Ils ont commencé à travailler à l’été 2020 et – en fonction du rythme de la pandémie – proposent désormais le dernier livret sur l’évangile de Matthieu, dont les premiers chapitres – sur l’enfance de Jésus – correspondent au temps de l’Avent.
L’Évangile à la maison, qu’est-ce que c’est, en grandes lignes?
Barbara Francey (B.F.): L’Évangile à la maison, ce sont des petits groupes de voisinage qui se réunissent une fois par mois, en utilisant le livret qui porte le même nom, afin de redécouvrir la Parole de Dieu en lecture continue. Et non pas seulement par une lecture fragmentée de certains passages. Cela permet de percevoir la cohérence d’ensemble d’un évangile ou d’un autre livre biblique. Cette année, c’est la première moitié de l’évangile selon Matthieu qui est proposée.
«Pouvoir actualiser ces textes bibliques pour la vie quotidienne».
Débora Kapp (D. K.): L’Évangile à la maison, ce n’est pas une étude biblique, ni un simple approfondissement des connaissances bibliques. Il s’agit de lire les textes, de partager l’expérience en groupe et de pouvoir actualiser ces textes bibliques pour la vie de tous les jours. De voir quel écho cela donne dans ma vie quotidienne.
Tout le monde peut participer à l’expérience?
B. F.: Les groupes peuvent être constitués de personnes de plusieurs confessions chrétiennes, croyantes ou non. Ils sont ouverts également à des personnes qui ne connaîtraient pas bien le Christ ou qui ne sont pas chrétiennes, mais qui seraient intéressées à une démarche de découverte. Finalement, à toute personne de bonne volonté qui désirerait mieux connaître les Écritures.
D. K.: Il y a une dimension œcuménique. Ce qui fait par exemple que le projet ne suit pas les années liturgiques proposées dans l’Église catholique. En plus, il arrive que le livret soit utilisé sur deux ans, comme cette année, avec Matthieu, parce que l’évangile est trop long pour être lu en une année. Deux chapitres par mois, c’est déjà très dense. Évidemment, les groupes restent libres de suivre leur propre rythme. Une proposition de célébration de lancement de l’année Matthieu a été élaborée par l’équipe du livret. Mais elle est tout à fait modulable.
Nouveauté dans la réalisation 2021
Le livret qui présente l’évangile selon Matthieu (chapitres 1 à 14) a été réalisé par une grande équipe romande, protestante et catholique: Philippe Becquart, théologien, Église catholique (VD); Didier Berret, diacre, bibliste, Église catholique (JU) – Association biblique catholique (ABC); Aleksandro Clemente, agent pastoral laïc, Église catholique (VD); Barbara Francey, théologienne, bibliste, Église catholique (FR); Débora Kapp, pasteure, Église évangélique réformée du canton de Fribourg (EERF); Sophie Mermod-Gilliéron, pasteure, Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) – également pour le graphisme – et Florence Murphy, agente pastorale laïque, Église catholique (FR).
D’autres personnes ont apporté leur contribution: Frère Daniel Attinger (Monastère de Bose), Véronique Lang (accompagnatrice spirituelle et formatrice), Daniel Marguerat (professeur honoraire UNIL), Dominic-Alain Boariu (assistant docteur, UNIFR). Les relecteurs: François-Xavier Amherdt, Séverine Ledoux, Jean-Daniel Loye. Et dans l’équipe au lancement du projet: Roula Lopez, Église catholique (VD).
Cette année, c’est aussi la conception du livret qui est inédite…
B. F.: C’est la première fois qu’une équipe romande et œcuménique se met à table pour penser le projet en groupe. Le résultat peut-être assez similaire à des éditions antérieures, mais c’est la démarche de travailler ensemble qui a été une réalité en soi. Nous avons collaboré à plusieurs, et chacun a amené sa spécificité, ce qui donne au livret un côté peut-être plus hétéroclite, mais dans lequel on entre plus facilement.
D. K.: Il y a eu plusieurs métissages. D’abord interconfessionnels – catholiques et réformés –, mais aussi intra-confessionnels – la pasteure de Vaud et moi-même de Fribourg n’avions, par exemple, pas la même vision sur tous les points. Et nous avons dû harmoniser ensemble certains termes. Par exemple: Esaïe (protestant) ou Isaïe (catholique)? Nous nous sommes mis d’accord sur la traduction liturgique officielle de l’Église catholique, car c’est une des versions les plus accessibles au grand public.
B. F.: Comme le rappelle Roula Lopez, de l’équipe de lancement de ce projet, il faut pouvoir «mettre la Bible dans la main de tout le monde». Trouver le meilleur moyen d’écouter la Parole de Dieu et de la partager.
«Mettre la Bible dans la main de tout le monde»
Petit retour aux origines: comment est né L’Évangile à la maison?
B. F.: Lors de sessions pastorales diocésaines, il y a une dizaine d’années, un désir de former des groupes pour lire la Parole de Dieu à la maison a émergé. Au départ, un groupe de coordination diocésain a suivi la démarche et la lecture de l’Évangile selon Marc a été lancée en novembre 2011. À Fribourg, nous avions démarré par une célébration avec une lecture continue de Marc. Je me rappelle qu’il y avait même une version du livret en allemand.
Est-ce que la première édition a rencontré du succès?
B. F.: La démarche suggérait que des groupes naissent et s’autogèrent. Ils ont donc été constitués sans que les initiateurs aient un suivi ou tiennent un effectif précis de qui se regroupe où. Il est difficile de savoir combien se sont constitués et combien existent encore. Mais nous savons qu’il y a des groupes qui se réunissent depuis 10 ans, et ils échangent en toute simplicité et dans la convivialité.
D. K.: Ces petits groupes se sont constitués en famille, entre amis, en mêlant des voisins ou des connaissances de quartier. Le but n’étant pas de regrouper des paroissiens ou des personnes initiées entre elles. L’idée n’est pas non plus d’avoir un guide ou un animateur qui a la connaissance et qui la transmettrait au groupe. Il est par contre utile d’avoir un gardien du temps dans le groupe ou quelqu’un qui modère les discussions. Et c’est une fonction qui peut être appelée à circuler dans le groupe au fil des rencontres.
Vous avez suivi l’évolution de certains groupes?
B. F.: En tant que service de formation à Fribourg, nous avons personnellement été sollicités parfois pour participer à un groupe et répondre aux éventuelles questions. Nous avons à chaque fois soutenu la démarche, en proposant entre autres des forums. Cette année, quatre forums sont organisés, au cours desquels les gens ont la possibilité d’écouter un conférencier sur un des textes qui est travaillé en groupe.
Comment s’est passé le lancement du projet cette année?
B. F.: Contrairement aux années précédentes, le lancement se fait de manière davantage romande et œcuménique. Le canton de Vaud a commencé la lecture à mi-octobre 2021, par une célébration à Lausanne. Dans le canton de Fribourg, le lancement de l’année a eu lieu dans certaines unités pastorales le 14 novembre. Pour Neuchâtel et Genève, des commandes de livrets ont déjà été passées.
Le diocèse de Sion s’implique davantage et plusieurs paroisses valaisannes vont créer des groupes ou fournir ce livret à des groupes existants. Le Jura pastoral va participer également, grâce à l’intermédiaire du diacre Didier Berret, de l’Association biblique catholique (ABC). Nous avons imprimé plus de 6’000 exemplaires au total et il est encore possible d’en commander à la Maison diocésaine à Fribourg ou à Lausanne, auprès de Roula Lopez.
D’autres nouveautés à signaler pour cette édition?
B. F.: Oui, avec notre «pôle pastorale extrascolaire», des propositions pour les enfants seront déposées chaque mois sur les sites internet de l’Église catholique de Fribourg et de Vaud. Des narrations bibliques seront aussi disponibles, en particulier avant Noël, autour de la Nativité.
D. K.: Et pour la deuxième partie de Matthieu, nous souhaitons mettre des chapitres en lien avec des morceaux de musiques, pourquoi pas en intégrant des QR-codes dans le livret. Nous aimerions également pouvoir offrir une version en braille, pour intégrer les personnes malvoyantes.
Et une fois que Matthieu sera terminé, vous aurez terminé un cycle. Est-ce qu’il y a déjà d’autres projets en vue?
B. F.: Pour la suite, nous n’en avons pas encore parlé en équipe. Mais la question se pose: est-ce qu’on s’en tient aux Évangiles? N’y aurait-il pas d’autres livres du Nouveau Testament, et même de l’Ancien Testament à explorer? Je serais quant à moi favorable à ouvrir à l’ensemble de la Bible pour la suite. (cath.ch/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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