Dans la mosquée de Genève, à l’heure du repas, musulmans et juifs se sont mélangés aux tables et ont échangé sur leurs expériences réciproques. «Une image que je rêvais de voir depuis 40 ans», confie à cath.ch Hafid Ouardiri, qui parle d’un «moment très fort». L’intellectuel musulman genevois a été une cheville-ouvrière de la rencontre du 14 novembre, organisée par la Plateforme interreligieuse de Genève, dans le cadre de la Semaine des religions (6-14 novembre).
Une journée de partage encore inédite à Genève, au demeurant ouverte à toutes et tous, qui s’est essentiellement déroulée dans les deux lieux symboliques de la ville que sont la Grande mosquée (Fondation Culturelle Islamique de Genève) et la Grande synagogue Beth-Yaacov (Communauté israélite de Genève).
La journée a été rythmée par des ateliers favorisant les échanges sur différents thèmes. Une grande partie de l’événement s’est tenu à la mosquée. La matinée a surtout été occupée par des conférences, dans une dimension de «partage de savoir» entre les communautés. Deux professeurs d’histoire lausannois ont ainsi présenté une analyse croisée des relations entre l’islam et le judaïsme.
L’écrivain genevois Metin Arditi a raconté sa démarche, réalisée en Israël, d’une pièce de théâtre réunissant des acteurs juifs et arabes. Avec la spécificité que les juifs étaient amenés à jouer des rôles d’arabes et vice-versa.
Si le conflit israélo-palestinien a été de cette façon évoqué, le débat n’a été marqué par aucune forme d’animosité, relève Hafid Ouardiri. «La rencontre s’est concentrée sur le désir partagé de paix», assure-t-il.
Suite au repas, à la mosquée, les participants se sont rendus à la synagogue, pour une visite guidée.
Dans la soirée, plusieurs activités ont été proposées dans la salle Frank-Martin, à Genève, dont un concert de musique arabo-andalouse, avec des chanteuses des deux religions. Un atelier de calligraphie a permis la réalisation d’une fresque mélangeant les écritures hébraïque et arabe.
Une journée vécue dans une profonde ambiance de joie et de convivialité, assure Hafid Ouardiri. «Alors que les communautés juives et arabes sont souvent perçues comme ‘ennemies’, les personnes n’ont pas hésité à aller les unes vers les autres, dans une atmosphère totalement paisible».
Pour l’intellectuel musulman, l’événement inédit a réellement «ouvert une porte». Il souhaite ainsi que ces rencontres puissent être renouvelées dans les prochaines années, aussi avec des représentants d’autres religions, notamment des catholiques. «J’espère qu’avec cet événement, nous pourrons ‘exporter’ l’idée que vivre ensemble est possible». (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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