France: le prêtre libanais Mansour Labaky jugé pour viol

Le procès du prêtre maronite libanais Mansour Labaky s’ouvre le 8 novembre 2021 au Palais de justice de Caen, en Normandie. Il doit durer quatre jours et se déroulera sans doute sans la présence de l’intéressé, réfugié au Liban.

Charismatique, considéré comme un héros pour son action humanitaire durant la guerre du Liban (1975-1990), le Père Mansour Labaky était venu parler au public romand en 2010 à l’aula de l’Université de Fribourg dans le cadre du festival Prier Témoigner. Deux ans plus tard, le Vatican le condamnait pour abus sexuels sur mineures. C’est au tour de la justice civile de rendre son verdict.

Aujourd’hui âgé de 81 ans, le prêtre est jugé par la France pour viol sur mineures de 15 ans par personne ayant autorité, indique le quotidien La Croix. Les faits se seraient déroulés entre 1989 et 1997, à Paris et à Douvres-la-Délivrande (Calvados) dans un foyer d’accueil pour victimes de la guerre du Liban, ouvert par Mansour Labaky.

Les victimes présumées sont deux orphelines libanaises de 7 et 11 ans au moment des faits et une Française de 13 ans placée en foyer en raison de difficultés familiales.

Le prêtre aurait procédé de la même manière: il faisait venir les enfants dans son bureau pour les confesser et les encourager à se confier, puis ils les prenait dans ses bras pour les «consoler» avant de les violer.

Protégé au Liban

Le Père Mansour Labaky encourt jusqu’à vingt ans d’emprisonnement, mais il y a peu de chances qu’il se présente à son procès. En effet, le prêtre vit au Liban, qui refuse de l’extrader malgré un mandat d’arrêt international. Il y jouit encore de considération et de protections puissantes, notamment de la part de l’Église maronite. En 2018, par exemple, le patriarche maronite Bechara Raï avait affirmé que Mansour Labaky était victime de calomnies, avant de se rétracter sous pression de Rome.

Le principal intéressé a toujours nié les faits qui lui sont reprochés et invoque un complot contre lui. Par le passé, il a déjà invoqué son obéissance à l’Église pour ne pas se rendre aux convocations de la justice française. La Congrégation pour la doctrine de la foi l’a en effet condamné en 2012 à une vie recluse de prière et de pénitence. Elle l’a également interdit de tout ministère, de célébration publique de sacrement et de tout contact avec des mineurs sous peine d’excommunication.

Des victimes voudraient qu’il soit renvoyé de l’état clérical et que ses protecteurs soient également poursuivis, mais sans succès pour l’instant.

Les victimes du Père Labaky pourraient se compter par dizaines. Une vingtaine d’autres femmes libanaises et françaises ont été entendues par la justice française. Pour elles, les faits sont prescrits. (cath.ch/lcx/ag/cmc)

Christine Mo Costabella

Portail catholique suisse

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