Gino Bartali, le cycliste qui a remporté, dans les années 1930-1940, trois Giro d’Italia et deux Tours de France, était avant tout un catholique, un homme de foi, discret dans le bien qu’il faisait, rapporte l’agence ACI Stampa.
Depuis quelque temps, les carmes examinent minutieusement les documents sur la vie de Gino Bartali. Ils le font parce que «Ginettaccio» lui-même était un tertiaire carme. Lorsqu’il est mort en l’an 2000, à l’âge de 96 ans, il a été enterré en habits de tertiaire La foi de Gino Bartali se lit dans les petites et les grandes choses de son quotidien. On a retrouvé par exemple deux cents lettres à sa femme Adriana, envoyées même lorsqu’il était au milieu du Giro d’Italia, une carte postale les jours de course, une lettre les jours de repos. Il signait toujours sous son nom «Vôtre dans le Seigneur». Ces lettres sont un condensé non seulement de sa foi personnelle, mais aussi de leur spiritualité de couple, de leur dévotion commune à Sainte Thérèse de Lisieux.
Ayant reçu une éducation catholique, Bartali y est toujours resté fidèle. Il refusait d’être l’incarnation de la réussite du fascisme et se distinguait par son mysticisme et sa foi. A partir de 1937, il est même surnommé «Gino le Pieux». L’année suivante, à l’issue de sa victoire dans le Tour de France, il dépose une gerbe aux pieds de la statue de Sainte Thérèse dans la basilique Notre-Dame des Victoires à Paris. Lors du Tour de France 1948, il va se recueillir à la grotte de Lourdes. »Le bien se fait, mais ne se dit pas. Certaines médailles s’accrochent à l’âme et non à la veste», telle était sa devise.
Pendant longtemps, on a tout ignoré de l’engagement de Gino Bartali en faveur des juifs poursuivis durant la deuxième guerre mondiale. Entre les campagnes ombrienne et toscane, faisant partie d’un réseau mis en place par le cardinal Elia Dalla Costa, archevêque de Florence, il a roulé à vélo pendant la guerre, cachant dans la selle ou le cadre de son vélo de faux documents qui ont permis de sauver des centaines de Juifs pourchassés par les nazis. Il a été discret à un tel point que même son épouse bien-aimée n’a rien su pendant longtemps.
Il a aussi pris personnellement des risques en accueillant une famille juive qui risquait les camps de concentration. Arrêté une fois, il est relâché grâce à l’admiration des fascistes pour ses exploits cyclistes. Cette attitude de résistant lui a valu le titre de «Juste parmi les nations» décerné en 2013.
Selon sa petite-fille Gioia, qui joue un rôle important dans la collecte de ces documents, l’un des principaux enseignements de son grand-père était «N’oubliez pas de rester humble». Gioia suit désormais sa cause de béatification parcourant l’Italie pour raconter l’histoire cachée de son grand-père.
Dans ces années du fascisme italien, Bartali représentait une Italie traditionnelle, catholique, encore croyante, face à la sécularisation, aux publicités des magazines et au développement mercantile du sport qui n’était plus «solidarité et école de la vie», selon sa propre expression.
Un héroïsme du quotidien qui pourrait le conduire à la gloire des autels. En attendant, un oratoire porte déjà son son nom, au Montemario, à Rome. Il a été fondée à l’initiative de Mgr Attilio Nostro, devenu depuis évêque de Mileto en Calabre. (cath.ch/acis/mp)
Maurice Page
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