Le synode suisse doit-il s’inspirer des communautés de mission?

«Nous ne devons pas seulement investir dans la restauration des pierres», note Jean-Luc Farine, curé de Losone (TI). L’abbé du Tessin donne, par le prisme de son expérience missionnaire, sa vision du processus synodal dans son canton et dans l’Eglise suisse en général.

Avec catt.ch

«Je suis embarrassé devant la quantité soudaine de stimuli que nous recevons dans nos communautés», confie Jean-Luc Farine dans catt.ch, le 24 octobre 2021. Le curé de Losone, près de Locarno, a en tête les diverses «exhortations» à agir diffusées récemment dans l’Eglise universelle. Notamment le processus synodal lancé par le pape François la semaine dernière, ainsi que l’appel du monde missionnaire à «ne pas se taire».

«Je suis déconcerté, car après une période de léthargie, l’impulsion pour nous remettre en route est puissante», affirme le prêtre du Tessin.

Expériences synodales en mission

L’abbé Farine rappelle les expériences synodales qu’il a vécues en mission, en Colombie dans les années 1990, mais aussi au Tchad dans les années 2000. «Au début de chaque année pastorale, sous l’arbre ou dans la cabane où se déroulait la célébration dominicale, nous nous sommes assis pour laisser une page de l’Evangile nous inspirer en tant que communauté chrétienne minoritaire, dans une réalité socio-économique très difficile. Et avec des hommes et des femmes souvent analphabètes, nous avons rempli des morceaux de tableaux noirs délabrés avec des signes et des symboles, pour décider comment vivre la communion, comment faire participer tout le monde, comment être missionnaires, comment donner du pain aux affamés et des médicaments aux malades».

S’inspirer des communautés moins bien dotées

Les membres des communautés de mission ne craignent pas de s’exprimer, de réfléchir, de donner du temps à la communauté à laquelle ils appartiennent, souligne Jean-Luc Farine. «Je me dis qu’un tel chemin synodal doit aussi être possible ici, où nous sommes ultra bien formés, très organisés technologiquement, équipés logistiquement et avec une très grande mobilité sur le territoire».

«Comment se fait-il que le seul espace de participation des fidèles sous nos latitudes soit resté le conseil paroissial pour la gestion des biens?», s’interroge ainsi le prêtre. Tout en saluant le fait que nous ayons «de bons collaborateurs qui prennent la gestion administrative à cœur», il se demande à quel point les divers conseils des diocèses sont réellement actifs, sont «l’expression d’une Eglise synodale».

Ne pas investir que dans la pierre

Si l’abbé Farine assure qu’il n’a pas peur des stimuli évoqués auparavant, il estime avoir le devoir de dire aux communautés, aux fidèles, aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, que «l’Église n’est pas seulement la célébration de la messe dominicale. Que nous ne devons pas seulement investir des ressources financières dans la restauration des pierres et du marbre».

Le missionnaire insiste sur le fait que cette communion, à laquelle l’Eglise est appelée, «peut être cultivée par d’autres moyens, mais doit être désirée».

Une ouverture à la mission uniquement possible «si l’esprit de clocher et le particularisme cèdent la place à une vision plus catholique et universelle, qui dépasse les limites étroites du cimetière de mon village».

A chacun, quoiqu’il en soit, de voir si cette ouverture doit être «suggérée par l’Esprit-Saint, imposée par une urgence pastorale, ou proposée par l’imagination débridée d’un nouveau groupe de responsables d’Eglise». (cath.ch/catt/jlf/rz)

Rédaction

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