Selon lui, cette législation adoptée en août dernier n’opère pas «un changement de paradigme de la laïcité républicaine» mais vient au contraire la «consacrer en l’adaptant au temps présent». Il s’agissait, a-t-il insisté, d’actualiser un régime d’organisation des cultes tombé «en obsolescence».
Le Premier ministre a souligné le travail effectué avec le nonce apostolique en France, Mgr Celestino Migliore, pour lequel il a dit avoir «estime et amitié». Et souligné le bon fonctionnement de la laïcité à la française: «Dès lors qu’elle est conforme à l’esprit comme à la lettre de la Loi de 1905 […], la Laïcité n’a pas besoin de qualificatifs».
Le mot clé employé par Jean Castex dans toute son adresse était celui de la concorde, répété huit fois: il a souligné le lien «millénaire, au point d’être qualifié de filial» qui unit la France à l’Église catholique. Et situé l’acte de naissance de l’Histoire de France «dans la cuve d’un baptistère» à Reims en 498 – lors du baptême de Clovis. Une phrase qui a fait son effet dans l’auditoire: «C’est quand même fort de rappeler cela quand on est Premier ministre», commente a posteriori un prêtre français résidant à Rome.
Le discours de Jean Castex semblait adressé, au-delà du Saint-Siège, aux catholiques français: «Je ne laisserai pas dire, comme certains le laissent à penser, que les catholiques sont en France au mieux écoutés, rarement entendus, au motif que la France se séculariserait», a-t-il ainsi affirmé.
À la fin de son long discours, le Premier ministre a rapidement abordé la question des abus dans l’Église de France. Un point ajouté au dernier moment, le discours ayant été écrit avant la sortie du rapport Sauvé, a confié à l’agence I.MEDIA un membre du Cabinet du Premier ministre. Jean Castex a néanmoins tenu à souligner «l’émotion légitime» suscitée par le rapport dans l’opinion publique. Cette réaction, analyse-t-il, «dit à elle seule combien les Français attendent de cette institution séculaire, protection, bienveillance et exemplarité».
Le Premier ministre a ensuite salué le courage des victimes et apporté son soutien à l’Église en France «qui a commandé ce rapport et permis à cette commission de travailler en totale indépendance». «Il lui appartient maintenant de trouver les réponses nécessaires», a-t-il affirmé. Néanmoins, il a souligné que la séparation de l’Église et de l’État n’était «en aucun cas la séparation de l’Église et de la Loi», une allusion possible au récent débat sur le secret de la confession.
Juste avant le discours de Jean Castex, le secrétaire d’État du Saint-Siège, s’exprimant en français, est revenu en détails sur le cheminement qui amena à la reprise des relations diplomatique entre la France et le Saint-Siège en mai 1921 après le «divorce» de 1904. Cette réconciliation diplomatique était, selon le haut prélat, un «signe de l’attention et de l’importance que la France accordait à la diplomatie pontificale». «Le climat de cordialité qui a caractérisé ces relations depuis lors montre que cette estime est constante dans le temps et sans doute réciproque», s’est-il félicité.
Selon le «numéro 2 du Saint-Siège», 1921 a sanctionné une «approche différente de l’Église en France vis-à-vis de l’État et de sa laïcité». Cette question, il l’a décrite comme «complexe et toujours d’actualité» – donnant en exemple la récente Loi confortant les principes de la République (loi dite «sur le séparatisme» à propos de laquelle le Vatican a fait par le passé savoir ses inquiétudes). Le cardinal italien a enfin rapporté une mise en garde faite par le pape François: «les temps des confessionnalismes sont finis, mais aussi, on l’espère, les temps d’un certain laïcisme qui ferme les portes aux autres et surtout à Dieu».
«La France et le Saint-Siège partagent des responsabilités globales dans le monde», a ensuite considéré le cardinal Parolin, citant notamment, comme son équivalent après lui, l’alignement de leurs diplomaties sur la question du Proche-Orient. Il a déclaré l’Église disponible pour contribuer «à sa manière» à la poursuite de leurs objectifs communs.
«L’Église en France porte aujourd’hui la blessure des abus commis par des clercs et la douleur des victimes blessées par ces actes misérables et honteux», a reconnu le Secrétaire d’État. Il a confirmé l’engagement «encore plus fort et déterminé» de l’Église catholique contre ce phénomène. Un combat, a-t-il souligné, qui doit se faire «en pleine coopération avec les autorités civiles», mais, a-t-il nuancé «dans le respect de la mission et de la structurelle sacramentelle de l’Église» – comme une allusion, là encore, aux récents débats concernant le secret de la confession. (cath.ch/imedia/cd/hl/rz)
I.MEDIA
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