«C’est un grand pas pour la France», affirme Jacques Nuoffer, président du groupe SAPEC (Soutien aux personnes abusées dans une relation d’autorité religieuse), à propos du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), rendu public le 5 octobre 2021. L’enquête a fait part d’une estimation de 330’000 personnes abusées dans un contexte ecclésial, dans le pays, depuis les années 1950, et d’environ 3’000 abuseurs.
Dans son communiqué, le groupe SAPEC met en parallèle les actions suisses et françaises relatives aux abus.
Il donne un bon point à l’Eglise en Suisse et un mauvais aux responsables français dans le domaine de l’indemnisation. «Les évêques suisses ont été plus rapides et efficaces, grâce à l’Abbé Martin Werlen et Mgr Charles Morerod. Ils ont reconnu leur responsabilité et demandé pardon en 2010 et accordé une indemnité aux personnes victimes dès 2016», rappelle le groupe SAPEC.
Pour Jacques Nuoffer, le dispositif mis en place par la Conférence des évêques de France (CEF) «n’est pas complet». «Les propositions du rapport de la CIASE devraient contraindre les évêques français à concrétiser leur reconnaissance par une indemnisation», assure-t-il. Bien qu’en novembre 2019, la Conférence des évêques de France (CEF) ait voté pour la création d’une «somme forfaitaire» destinée aux victimes d’abus sexuels perpétrés par des membres du clergé, aucune décision d’indemnisation n’a encore été communiquée suite à la publication du rapport Sauvé.
Le groupe SAPEC est cependant plus sévère envers l’Eglise en Suisse sur le plan de l’investigation. «Dès 2010, les évêques suisses demandaient pardon, mais une recherche préliminaire n’aura lieu qu’en 2022!», s’indigne Jacques Nuoffer.
Outre la «lenteur» du processus, le communiqué pointe du doigt la participation des victimes. «La recherche sérieuse et approfondie de la CIASE s’est mise à l’écoute des victimes en créant un ›groupe miroir 2’ composé des représentants d’associations de victimes volontaires».
Le président du groupe SAPEC rappelle que «dès 2010, nous avons demandé aux évêques une recherche suisse approfondie sur les abus et leurs origines (…). Nous avons notamment revendiqué d’être impliqués dès le départ dans la définition du projet». L’activiste déplore que le groupe de soutien aux victimes n’ait pas été entendu sur ce standard minimal participatif. «Toutes les recherches de ce type aujourd’hui, y compris en Suisse, doivent donc inclure les victimes, qui sont des actrices et acteurs réels, dans l’élaboration des méthodes, du cadre et des contenus, par différentes méthodes académiques éprouvées en sciences humaines», affirme Jacques Nuoffer. (cath.ch/com/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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