Un ex-curé de Sion s’estime victime d’une intrigue

Le retrait, à la fin juillet 2021, par Mgr Jean-Marie Lovey, de la missio canonica à l’abbé Antony C. Kandath suscite la polémique en Valais. Alors que l’ex-curé de la paroisse alémanique de Sion s’estime victime d’une intrigue, les responsables du diocèse déplorent qu’il n’ait pas su saisir la deuxième chance qui lui était offerte.

Ce n’est pas la première fois que le prêtre indien, titulaire d’un passeport allemand, est en conflit avec les autorités ecclésiales valaisannes. En 2017, Antony C. Kandath avait été renvoyé de son poste de curé de Grächen, en Haut-Valais, suite à des désaccords avec le conseil de paroisse et des plaintes des fidèles.

Il était alors resté durant deux ans sans charge pastorale, en exerçant une activité dans une entreprise de machines.

En 2019, l’évêque, qui indique vouloir lui donner une seconde chance, le nomme vicaire de la paroisse germanophone St-Théodule à Sion. Après un an, il devient en septembre 2020, curé de la paroisse. C’est là que les choses se gâtent rapidement et conduisent à un nouveau renvoi en juillet 2021.

Trahi par le Conseil de paroisse et le diocèse?

L’abbé Kandath, qui se sent trahi, se dit victime d’une intrigue orchestrée par le conseil de paroisse et le vicaire général. Son renvoi serait en fait lié à des questions touchant la fortune et les finances de la paroisse, a-t-il exposé au quotidien Walliser Bote. On l’aurait forcé à en céder la gestion et la surveillance à une nouvelle instance régionale, privant ainsi la paroisse de son autonomie financière.

Dans une lettre adressée au personnel du diocèse à la fin du mois de juin, le vicaire général Richard Lehner est resté vague sur les raisons de ce licenciement. «Après la nomination du Père Kandath, de nombreuses questions se sont posées, qui ont été traitées par le conseil et l’administration financière de la paroisse, par le conseil des paroisses de la ville de Sion et par la direction diocésaine. Aucune solution n’ayant été trouvée, il a été mis fin à la relation de travail avec Anthony Kandath», écrit-il. 

Le prêtre indien a contesté son licenciement et a réclamé des arriérés de salaire devant le tribunal des prud’hommes. «Je n’avais pas d’autre choix, j’étais fauché.» Une audience de conciliation a eu lieu au début du mois de septembre. Les parties ont convenu de garder confidentiel le montant des arriéré de salaires. Cet arrangement ne semble cependant pas avoir satisfait le prêtre qui a alerté la presse. Pour lui toute l’affaire n’est qu’un coup monté, une intrigue menée par des membres du conseil paroissial et du diocèse.

Certainement pas une victime

Interpellé par le Walliser Bote, le vicaire général Lehner n’a pas voulu commenter les accusations d’Antony C. Kandath envers le diocèse, «pour des raisons de secret professionnel et de protection de la personnalité».

L’abbé Paul Martone, responsable de la communication pour la partie germanique du diocèse, donne en revanche un peu plus de détails. «Pourquoi cela n’a jamais fonctionné pour ce prêtre dans les différentes paroisses qu’il a eues en Suisse et à l’étranger?» questionne-t-il. 

Après le diocèse de Coire, le diocèse de Sion lui a donné une chance dans deux paroisses, que l’abbé Kandath n’a pas saisies. «Lorsque quelqu’un jette aux orties tous les conseils bien intentionnés et qu’il pense savoir tout mieux que les autres, la seule chose à faire est de l’écarter», poursuit Paul Martone. Parfois, une «victime» le devient par sa propre faute.

Selon lui, l’évêque et le vicaire général ont été patients comme des anges avec A. Kandath et voulaient vraiment l’aider. «Il n’est certainement pas une victime d’intimidation de la part du diocèse de Sion!» conclut-il . (cath.ch/wb/mp)

Maurice Page

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