«Impossible pour les hommes d’être sauvés!» affirme Jésus, le Sauveur! «Plus facile à un chameau…» pfff… Rien ne sert donc de courir, ni même de partir à point comme ce jeune homme bien sous tous rapports depuis son plus jeune âge. Un fils modèle, respectueux, fidèle, rempli de zèle et bien poli: «Bon maître…» demande-t-il à genoux. Et voilà qu’une première douche froide s’abat sur lui: «pourquoi dire que je suis bon? Personne n’est bon…» Ah bon? Jésus aurait-il pressenti qu’à travers sa question, ce jeune héritier venait présenter son carnet de notes pour recevoir une récompense?
Les juifs portent sur leur tête un morceau de ciel, un bout de tissu qu’ils appellent kippa, voûte céleste. Une manière de leur rappeler que leurs plus hautes prétentions s’arrêtent à moins de deux mètres. Oui il faut être bon, bien sûr, le plus possible, même «un peu trop pour l’être assez» comme le suggérait malicieusement Marivaux, mais se souvenir dans le même temps que le plus petit dans le royaume des cieux… est bien meilleur! Être bon comme une bougie est lumineuse, brûler de tout son cœur. Mais le soleil, c’est autre chose! « Dieu seul…»
«La quête de vertu pour soi-même, comme la richesse met l’être en position fœtale, le recroqueville sur lui-même.»
La réponse un peu cash de Jésus vient mettre un premier coup de frein au désir illusoire de vouloir tout faire juste. Le royaume de Dieu ne se gagne pas aux nombres de crédits comme un diplôme universitaire et il ne suffit pas de cocher toutes les cases des commandements pour remplir les conditions d’admission. «Maître, tout cela je l’ai observé…» Un «bravo» aurait pu jaillir. Mais Jésus patiente dans sa réponse. Non pas qu’il cherche ses mots, non! Il attend parce qu’il tisse un lien, lentement. La phrase, délicieuse, mérite une longue pause dans la lecture: «Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima»
Là se dit l’évangile.
Dans un regard offert. Beau, profond. Un regard qui va au fond de l’âme. Le même que celui qui a mis Pierre en route. L’évangéliste témoin, a vu Jésus voir. Le jeune homme dans son attitude d’agenouillé et de disciple obéissant a gardé la tête basse. S’il avait un seul instant levé les yeux et baigné dans la clarté de ce regard, jamais il ne serait parti sombre. La quête de vertu pour soi-même, comme la richesse met l’être en position fœtale, le recroqueville sur lui-même. La tristesse du jeune parfait traduit le dommage d’un rendez-vous manqué.
Jésus essaie encore. L’aveugle peut entendre. Une phrase électrochoc: ce qu’il te manque, c’est précisément ce que tu as en trop! Lâche ta soif de perfection, accueille tes failles. Dans le jardin, jadis, au tout début du monde, Dieu avait retiré chirurgicalement une côte à Adam, lui ouvrant un espace pour qu’une relation puisse naître.
«Car tout est possible à Dieu»
Didier Berret | Vendredi 8 octobre 2021
Mc 10, 17-30
En ce temps-là,
Jésus se mettait en route
quand un homme accourut
et, tombant à ses genoux, lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire
pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Jésus lui dit :
« Pourquoi dire que je suis bon ?
Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère. »
L’homme répondit :
« Maître, tout cela, je l’ai observé
depuis ma jeunesse. »
Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima.
Il lui dit :
« Une seule chose te manque :
va, vends ce que tu as
et donne-le aux pauvres ;
alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre
et s’en alla tout triste,
car il avait de grands biens.
Alors Jésus regarda autour de lui
et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile
à ceux qui possèdent des richesses
d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Jésus reprenant la parole leur dit:
« Mes enfants, comme il est difficile
d’entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d’une aiguille
qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés,
les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et dit:
« Pour les hommes, c’est impossible,
mais pas pour Dieu ;
car tout est possible à Dieu. »
Pierre se mit à dire à Jésus :
« Voici que nous avons tout quitté
pour te suivre. »
Jésus déclara :
« Amen, je vous le dis :
nul n’aura quitté,
à cause de moi et de l’Évangile,
une maison, des frères, des sœurs,
une mère, un père, des enfants ou une terre
sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple :
maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres,
avec des persécutions,
et, dans le monde à venir,
la vie éternelle. »
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