C’est déjà tout un art de poser une question. Lorsque les pharisiens s’adressent à Jésus pour lui demander s’il est permis à un homme de renvoyer sa femme, ils tombent eux-mêmes dans le piège qu’ils lui avaient tendu. Poser des questions aux frontières du permis ou défendu est radicalement réducteur et demeure sans appel. Quand la loi prend la place du projet de Dieu, il arrive qu’elle empêche la vie du haut de son illusoire prétention.
Jésus, comme à son habitude, ne se laisse pas prendre dans le filet de l’hypocrisie de ses interlocuteurs. Il ne s’agit pas d’une question juridique. Il invite ceux qui l’interrogent à regarder l’origine, le commencement de l’histoire. Pour cela, il rappelle le dessein de Dieu. « Dieu les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Mc 10, 6-8
Ce projet de Dieu pour tout couple humain n’est pas l’expression d’une étroitesse de vue, enrobé de moralisme culpabilisant. Au contraire, ce projet trouve sa source et sa forme en Dieu lui-même. «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu, il le créa, homme et femme, il les créa.» Gn 1, 27
Le couple humain devient ainsi révélateur de Dieu. Il en porte les traits et l’amour dont il vit donne à voir l’amour de Dieu lui-même. La force du couple qui se risque dans une telle mission réside avant tout dans l’unité qui lui est donnée. Oui, l’unité est première. Elle est un don à recevoir. Elle n’est pas un but comme nous le pensons souvent. Elle se reçoit pour vivre nos différences comme des richesses. L’unité n’est pas uniformité, elle est plurielle et symphonique.
«L’aventure de l’amour est un chemin de vérité. Elle sollicite sans discontinuité la liberté et la confiance.»
Vivre dans l’unité avec nos différences est le défi auquel sont confrontés tous les couples humains. L’aventure de l’amour est un chemin de vérité. Elle sollicite sans discontinuité la liberté et la confiance. Elle traverse les déserts, arides parfois, en nous faisant éprouver la beauté lumineuse de l’Amour.
Cet Amour-là, révélé par le Christ, est le lieu de l’Homme. C’est là qu’il expérimente que Dieu est engagé pleinement dans sa capacité d’aimer. L’amour n’est jamais abandonné à l’homme sans que Dieu y soit présent.
Xavier Lacroix, théologien français, récemment décédé, affirmait que dans la langue française, l’amour se logeait dans le préfixe «re».
Ce n’est pas commencer qui est admirable, mais c’est de recommencer. Ce n’est pas partir qui est admirable, mais c’est de repartir, de redonner sa confiance, de reprendre le combat, de refonder la communion. Ce choix d’aimer est fondateur de toute histoire d’alliance. Choisir d’aimer est la véritable route pour grandir avec courage vers l’Infini qui nous appelle.
Alors, aujourd’hui, comment ne pas rendre grâce et s’émerveiller devant le mystère de l’Amour qui célèbre dans nos alliances humaines l’alliance de Dieu avec l’humanité.
Bernard Miserez | Vendredi 1er octobre 2021
Mc 10, 2-16
En ce temps-là,
des pharisiens abordèrent Jésus
et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient :
« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus leur répondit :
« Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui dirent :
« Moïse a permis de renvoyer sa femme
à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua :
« C’est en raison de la dureté de vos cœurs
qu’il a formulé pour vous cette règle.
Mais, au commencement de la création,
Dieu les fit homme et femme.
À cause de cela,
l’homme quittera son père et sa mère,
il s’attachera à sa femme,
et tous deux deviendront une seule chair.
Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni,
que l’homme ne le sépare pas ! »
De retour à la maison,
les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
Il leur déclara :
« Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre
devient adultère envers elle.
Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre,
elle devient adultère. »
Des gens présentaient à Jésus des enfants
pour qu’il pose la main sur eux ;
mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit :
« Laissez les enfants venir à moi,
ne les empêchez pas,
car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis :
celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu
à la manière d’un enfant
n’y entrera pas. »
Il les embrassait
et les bénissait en leur imposant les mains.
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