Des laïcs valaisans se forment pour répondre à la crise de l’Église

Mère de famille à Conthey, Hélène Constantin lance Altius, un projet de formation chrétienne pour adultes. Soutenue par le diocèse et portée par les paroisses de Sion, cette série d’ateliers et de conférences a pour but de nourrir spirituellement des chrétiens éprouvés par les crises de l’Église.

Comment est née cette idée de parcours de formation pour adultes?
Entre le Covid et les scandales à répétition dans l’Église, les catholiques vivent des temps difficiles. Ces deux dernières années ont été un vrai désert spirituel. Beaucoup veulent rester fidèles, mais ne savent plus trop pourquoi. Se pose alors la question: on laisse tout tomber? Ou on trouve des lieux pour nourrir sa foi? Mais il n’y a pas beaucoup de tels lieux en Valais. Les gens ne savent pas vers qui se tourner, si ce n’est vers internet.

Concrètement, qu’est-ce que vous proposez?
Des évènements ponctuels: nous avons démarré un parcours Alpha en septembre à Bramois avec 22 participants; il y aura trois samedis matin pour approfondir le contenu du Credo en octobre avec le vicaire Pierre-Yves Maillard; et une conférence, le 8 octobre, du dominicain Benoît-Dominique de la Soujeole sur le thème: «Comment peut-on croire que l’Église est sainte?». Je peux vous dire que ce thème-là interpelle beaucoup de monde!

«C’est tellement difficile de s’identifier à cette Église! Pourquoi ne pas vivre la foi de notre côté?»

Vous faites le pari que la crise de l’Église peut donner envie d’approfondir sa foi. On peut aussi avoir envie de prendre ses jambes à son cou!
Absolument. Et cela va au-delà des scandales récents: nous sommes entourés de personnes qui ne vont plus à la messe parce qu’ils ne s’y sentent pas nourris. Pourtant, le désir de Dieu est toujours là! Mais ils ne savent pas quoi en faire. Et peu à peu, leur foi s’éteint.
Avec mon mari, nous nous sommes aussi posé la question: faut-il arrêter de passer par cette institution qui nous a déçus? C’est tellement difficile de s’identifier à cette Église! Pourquoi ne pas vivre la foi de notre côté? Mais on s’est dit que l’Église, c’était nous! La seule raison pour laquelle je reste, c’est que je pense que l’Église est le lieu de notre conversion à tous. Pas que des laïcs! Aussi du clergé.

Une espèce de sortie par le haut?
Oui, et d’ailleurs c’est ce que veut dire Altius! En latin, cela signifie «plus haut», ou «plus profond». Soit on estime que cette Église n’a qu’à finir de mourir toute seule, soit on se dit que nous aussi, nous sommes appelés à lui donner un visage qui reflète la joie de Dieu.

«Si ça évangélise, tant mieux! Le Seigneur n’a qu’à se débrouiller.»

Vous avez aussi une offre pour les parents qui inscrivent leurs enfants aux sacrements sans trop savoir pourquoi. Votre but est-il de les évangéliser?
Evangéliser, je ne sais pas. Le but est avant tout de donner à ceux qui le souhaitent de la nourriture spirituelle. Et de le faire dans un contexte convivial, en soignant l’accueil, en servant du café, des croissants, un verre de vin. Si ça évangélise, tant mieux! Le Seigneur n’a qu’à se débrouiller (rire).

Altius se veut un parcours à long terme?
Oui, c’est l’idée. Nous avons déjà des événements prévus pour 2022. Pour la première conférence de l’année prochaine début février, nous avons invité sœur Nathalie Becquart (la sous-secrétaire du Synode des évêques, et première femme à pouvoir voter dans cette institution, ndlr). Elle viendra parler de la place des laïcs dans l’Église. J’ai vraiment l’impression que c’est aux laïcs aujourd’hui de faire avancer le bateau, et de redonner aux prêtres la joie de leur vocation. (cath.ch/cmc)

Christine Mo Costabella

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/des-laics-valaisans-se-forment-pour-repondre-a-la-crise-de-leglise/