Rapport Sauvé: pour le pape, il faut voir le problème en face

Du «réalisme»: c’est ce qu’attend le pape François de la part des évêques français pour faire face aux abus, affirme Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, quelques heures après la longue audience que le pontife a accordé le 23 septembre 2021 à une trentaine d’évêques français en visite ad limina.

À quelques jours de la publication du rapport attendu de la CIASE, le pontife a écouté ses frères évêques et les a exhortés à une attitude de proximité pastorale. En France, le 5 octobre prochain, la Commission indépendante des abus sexuels dans l’Église (CIASE) doit rendre son rapport sur les abus commis par des membres du clergé sur les mineurs depuis 1950. Cette publication, fruit de deux ans et demi de travail mené par une équipe indépendante dirigée par le haut-fonctionnaire Jean-Marc Sauvé, devrait avoir un grand retentissement en France et au-delà. 

Durant leur visite ad limina, les évêques des provinces de Paris, Lyon et Clermont-Ferrand ont rencontré les responsables de plusieurs dicastères de la Curie qui travaillent sur les questions des abus – Congrégations pour la Doctrine de la foi, pour le clergé et pour les évêques, etc. – afin d’évoquer ce sujet qui est devenu, selon Mgr Aupetit, permanent dans leur travail. Certains évêques, confie-t-il, ont d’ailleurs profité de leur passage à Rome pour prendre des rendez-vous personnels avec les autorités compétentes afin d’évoquer des cas propres à leur diocèse.

Mgr François Kalist, archevêque de Clermont-Ferrand, a salué l’amélioration de la capacité d’écoute de l’administration vaticane. Et s’est surtout réjoui de l’oreille attentive que leur a tendu le pape François sur ces questions : «Nous nous sommes sentis compris». 

«Il nous a dit que quel que soit le nombre [des victimes dans le rapport Sauvé], c’est très grave pour l’Église», insiste Mgr Aupetit. Le pontife leur a donné deux consignes principales: voir les problèmes en face et accompagner pastoralement les personnes concernées – les victimes comme les coupables.

Le prélat parisien a rapporté aussi l’importance que le pape avait accordé au volet théologique de la question des abus, en particulier quand à la nécessité «d’accepter le péché afin de le prendre au sérieux». «Il nous a demandé de faire des catéchèses» sur le sujet, a abondé Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon. 

Responsabilisation des évêques

Sur la question des abus comme sur les autres sujets abordés, le pontife a insisté sur la responsabilisation des évêques. Lui-même a pris sa responsabilité à propos du Motu proprio Traditionis custodes, a expliqué le prélat lyonnais. À propos des messes célébrées dans le rite tridentin, «il a senti le risque d’une dérive et a fait un choix» pour lutter contre ce qui était devenu pour lui une «idéologie».

Le pape François attend la même prise de responsabilité de la part de chaque évêque, insiste le Primat des Gaules, en recommandant une approche pastorale. Sur le sujet de la liturgie, il a notamment acquiescé quand l’archevêque français lui a demandé s’il fallait prendre en compte la diversité des situations comme le demande Amoris Laetitia sur la question des divorcés-remariés.

Ainsi, à Mgr Aupetit qui lui demandait si une paroisse où les deux formes du rite étaient célébrées pouvait continuer à exister, le pape a aussi répondu par l’affirmative. Le prélat parisien a reconnu que le décret du pape avait «mis les choses à l’endroit», et lui avait permis notamment de se rendre compte de l’existence d’actions clandestines dans son diocèse. 

À la fin de l’audience qui a duré deux heures et vingt minutes, le pape François a été une nouvelle fois convié à se rendre dans l’Hexagone mais n’a pas donné de réponse. S’il a considéré que la «Fille aînée de l’Église» n’était «pas la plus fidèle», il a assuré que sa plus grande qualité était sa «créativité». (cath.ch/imedia/cd/mp)

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